L’application d’un développeur nigérian aide la lutte contre les crimes sexuels
Un matin de février dernier, Aminatu Zana, huit ans, dont le vrai nom a été caché, a été violée dans sa ville natale de Kano, la deuxième plus grande ville du Nigeria. L’auteur présumé n’était pas un étranger : un voisin, qui a utilisé sa familiarité et une tablette de chocolat pour attirer l’enfant dans sa chambre, l’a ensuite menacée si elle parlait de son crime.
Mais des traces sanglantes de son agression contre les vêtements d’Aminatu l’ont trahi. Sa mère veuve et pauvre, Salima, redoutait d’aller à la police, mais a été encouragée par ses voisins à porter plainte. Cela en soi était rare, car en raison de la peur de la stigmatisation et du manque de confiance dans les voies légales, de nombreuses victimes dans cette partie du pays ne recherchent pas justice.
Des agressions fréquentes dans le pays
L’histoire d’Aminatu est trop fréquente au Nigeria, où le viol et les agressions sexuelles sont des épidémies, mais restent un tabou, en particulier dans le nord, où les codes sociétaux conservateurs régissent une population majoritairement musulmane.
Voici une vidéo en anglais montrant la situation dans le pays :
L’ampleur du problème a poussé le développeur de logiciels Sa’adat Aliyu en août de l’année dernière à lancer Helpio, une application de téléphonie mobile Android conçue pour lutter contre ces crimes et briser les barrières culturelles qui l’alimentent. Les victimes utilisant Helpio peuvent rester anonymes. Elles peuvent avoir un accès immédiat à un réseau de conseillers tels que des médecins, des militants pour la violence sexuelle et sexiste (VSBG) et des représentants légaux qui suivent l’affaire pour garantir que justice soit rendue.
Le soutien est immédiat et gratuit, et étant le seul logiciel de ce type en haoussa, la principale langue parlée dans la région, cette aide est, en théorie, accessible à plus de 30 millions de personnes vivant dans le nord du Nigeria. Le lancement de Helpio intervient alors que les verrouillages de COVID-19 ont déclenché une pandémie de l’ombre. Pendant la pandémie, les victimes n’ont pas pu signaler les cas en raison du verrouillage et des restrictions de mouvement.
Une situation qui fait de nombreuses victimes
En 2018, le Nigeria était classé neuvième pays le plus dangereux au monde pour les femmes. Les taux stupéfiants de violence sexuelle et sexiste reflètent ce classement. Une enquête réalisée en 2019 par NOIPolls, une organisation de sondage et de recherche basée au Nigeria, a montré qu’un tiers des Nigérianes avaient subi au moins une forme d’agression sexuelle avant d’avoir 25 ans.
Les chiffres de l’UNICEF montrent qu’une fille sur quatre et 10 pour cent des garçons ont été victimes de violences sexuelles. Parmi ces enfants qui ont signalé des actes de violence, a noté l’UNICEF, moins de cinq pour cent ont reçu un soutien. En 2017, les chiffres les plus récents du Bureau national des statistiques du Nigeria montraient que 2279 cas de viol et d’attentat à la pudeur avaient été signalés à la police.
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