L’Éthiopie peut-elles guérir après les meurtres du TPLF ?
Dans la région du Tigré, des combats et des pillages sporadiques se poursuivent, tandis que 4,5 millions de personnes restent dépendantes de l’aide humanitaire, selon le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires et la Commission éthiopienne des droits de l’homme.
Après près de deux mois et demi sans accès adéquat à la nourriture, à l’eau et aux services de santé pendant les combats intenses, les deux organes mettent en garde contre une aggravation de la situation humanitaire. Dans ce contexte, les membres du parti au pouvoir de la région, le Front populaire de libération du Tigray (TPLF), continuent d’être suivis et arrêtés par les autorités du gouvernement central.
Chasse au TPLF
Le TPLF et le gouvernement éthiopien sont en guerre contre les tentatives de la région de délégitimer le gouvernement du Premier ministre Abiy Ahmed. Après que la Force de défense nationale éthiopienne (ENDF) s’est emparée de Mekele, la capitale régionale du Tigray, le 28 novembre, le Premier ministre Abiy a déclaré que l’opération militaire était terminée et avait pris fin. Depuis lors, l’ENDF a rapidement pris le contrôle du territoire, alors que de nombreux hauts dirigeants du TPLF sont introuvables. Depuis l’émission de mandats d’arrêt contre plus de 60 de ses membres éminents, Addis-Abeba affirme avoir fait des progrès significatifs en les mettant en détention ces dernières semaines.
Voici une vidéo montrant ce conflit en anglais :
L’ENDF et la police fédérale suivaient les forces de la junte cachées dans des refuges naturels (montagnes, grottes) et artificiels (monastères, maisons de villageois). Beaucoup ont été tués et beaucoup ont été arrêtés parmi les dirigeants du TPLF. Parce que beaucoup ont refusé de se rendre, des mesures ont dû être prises, a déclaré le général de brigade Tesfaye Ayalew de l’ENDF.
Dirigé pendant 27 ans
Le TPLF a régné pendant 27 ans en tant que parti central au sein de la coalition Front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien (EPRDF). Après 17 ans de guérilla, en 1991, il a renversé le Derg, la junte militaire qui a aboli la monarchie en 1974. Bien que près de 60 % des Éthiopiens ne soient pas nés lorsque le TPLF a été fondé dans le désert du Dedebit en 1975, il y a un sentiment de déjà-vu. Comme cela s’est produit 45 ans plus tôt, les fondateurs survivants du TPLF se sont regroupés dans les montagnes du nord, à quelques kilomètres seulement de l’endroit où tout a commencé.
En un sens, ces arrestations et ces morts marquent la fin d’une époque et, peut-être, du parti lui-même. Lors de sa mise en garde à vue, Sebhat Nega aurait déclaré aux soldats qu’ils sont morts il y a longtemps. Ils sont morts lorsque le TPLF a cessé d’exister.
Quand le TPLF est-il mort ?
Nega faisait référence à la montée au pouvoir d’Abiy et à l’émergence du Parti de la prospérité, bâti sur les ruines de l’EPRDF. Berhane Tsegab, ancien membre du TPLF explique que le déclin a commencé plus tôt, en 2012.
La mort soudaine de l’ancien Premier ministre Meles Zenawi (également fondateur et dirigeant ferme du TPLF) a laissé un vide au sein du parti. Il y avait aussi une résistance au renouvellement de la vieille garde, y compris Nega et Debretsion Gebremichael, l’actuel chef du TPLF.