Un ancien ministre des Affaires étrangères se présente à la présidentielle en Côte d’Ivoire
Marcel Amon-Tanoh, allié de longue date du président Alassane Ouattara et jusqu’à récemment en tant que ministre des Affaires étrangères, a déclaré qu’il se présenterait à l’élection présidentielle ivoirienne en octobre. Il a ainsi décidé de rompre avec le parti au pouvoir.
La campagne a été plongée dans l’incertitude plus tôt ce mois-ci lorsque le choix d’Ouattara de lui succéder après une décennie au pouvoir, le premier ministre Amadou Gon Coulibaly, est décédé subitement, laissant le parti RHDP au pouvoir se démener pour choisir un candidat de remplacement.
Pour une meilleure stabilité dans le pays
L’élection du 31 octobre est considérée comme un test clé de stabilité pour la Côte d’Ivoire, premier producteur mondial de cacao. La première victoire électorale d’Ouattara en 2010 a déclenché une guerre civile menée en grande partie selon des critères régionaux et ethniques qui a tué environ 3 000 personnes.
Les tensions politiques se sont intensifiées ces derniers mois. Le RHDP a déclaré récemment avoir demandé à Ouattara de revenir sur sa décision de ne pas se présenter pour un troisième mandat. Ses opposants ont dit que se présenter à nouveau violerait les limites de mandat imposées par la constitution ivoirienne.
Amon-Tanoh, le candidat idéal
A la fin de l’année dernière, le gouvernement a accusé un autre candidat pour la présidence, l’ancien premier ministre et ancien chef rebelle Guillaume Soro, d’avoir comploté un coup d’Etat contre le gouvernement d’Ouattara. Il est maintenant en exil en Europe.
Amon-Tanoh a démissionné en mars de son poste de ministre des Affaires étrangères, poste qu’il occupait depuis fin 2016, après qu’Ouattara ait annoncé que Gon Coulibaly serait le candidat du RHDP. Amon-Tanoh avait été largement considéré comme un favori à la prochaine élection présidentielle.
Un nouveau parti
Amon-Tanoh a déclaré qu’ils ont construit des ponts entre les différents partis politiques, mais ceux-ci ne vont pas diviser les citoyens. C’est un discours annonçant sa candidature, une forme de réprimande implicite au bilan d’Ouattara en matière de réconciliation des Ivoirins après la guerre civile. Des sources proches d’Amon-Tanoh ont indiqué qu’il créerait son propre parti politique prochainement. Personne ne sait combien de soutien il serait capable de mobiliser indépendamment d’Ouattara, dont il a été un allié proche pendant des décennies.
Le RHDP a déclaré qu’Ouattara annoncerait s’il prévoyait de se présenter dans les prochains jours. L’autre principal candidat déclaré dans la course est Henri Konan Bedie, qui a déjà été président de la Côte d’Ivoire de 1993 à 1999. C’est une situation assez compliquée qui se produit dans le pays. En effet, même au sein d’un même parti, on a constaté des distorsions. Cette élection qui va se dérouler en octobre sera probablement sous tension, en raison des contextes politiques actuels. Chacun a des points de vue différents qui peuvent favoriser une autre crise dans le pays. La démission d’Amon-Tanoh était un signe avant-coureur qui laissait entendre la candidature de ce dernier à la prochaine élection afin de garantir le changement dans le pays.