La guerre au Soudan fait des victimes innocentes : plus de 20 civils tués par des obus sur un marché
Le Soudan est plongé dans une guerre civile depuis le 15 avril 2023, date à laquelle deux généraux rivaux se sont affrontés pour le contrôle du pouvoir. Il s’agit du général Abdel Fattah al-Burhane, chef de l’armée, et du général Mohamed Hamdane Daglo, chef des Forces de soutien rapide (FSR), une milice paramilitaire. Ce conflit sanglant a fait plus de 9 000 morts, selon une estimation de l’ONG Armed Conflict Location & Event Data Project (Acled), et a provoqué le déplacement de plus de 6 millions de personnes.
Un marché bombardé à Omdourman
Le dimanche 5 novembre 2023, un drame s’est produit à Omdourman, une banlieue proche de Khartoum, la capitale du pays. Alors que des échanges de tirs intenses avaient lieu entre les belligérants, des obus sont tombés sur un marché fréquenté par des civils.
Voici une vidéo relatant cette guerre :
Selon un communiqué du Comité d’avocats pro-démocratie, qui documente les victimes civiles et les violations des droits humains dans le conflit, plus de 20 civils ont été tués et d’autres ont été blessés. Ce n’est pas la première fois que des civils sont pris pour cible par les obus. La veille, au moins 15 civils avaient été tués par des obus tombés sur leurs maisons à Khartoum, selon une source médicale.
Une guerre d’usure sans issue
Malgré les tentatives de médiation internationale, notamment de la part de l’Arabie saoudite, qui a accueilli des pourparlers entre les belligérants fin octobre 2023, aucun cessez-le-feu durable n’a été conclu. Les deux camps semblent opter pour une guerre d’usure, dans l’espoir d’obtenir de plus grandes concessions à la table des négociations, selon des experts. Mais sur le terrain, aucun n’a réussi à prendre un avantage décisif.
L’armée contrôle toujours une grande partie du sud et du sud-est du pays, tandis que les FSR contrôlent l’ouest et le sud-ouest. Ces derniers ont toutefois renforcé leur emprise sur la capitale, avec la prise partielle d’une division blindée de l’armée dans le sud-ouest de Khartoum, et sur le Darfour, où ils ont pris les villes de Nyala, Zalingei et El Geneina. Leur contrôle d’une grande majorité du Darfour leur permet de se réapprovisionner en armes via l’est du Tchad.
Un appel à la paix et à la démocratie
Face à cette situation dramatique, les organisations internationales et les acteurs de la société civile soudanaise appellent à la paix et à la démocratie. Le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme a dénoncé les violations graves et systématiques des droits humains commises par les deux parties au conflit, notamment les exécutions sommaires, les disparitions forcées, les tortures, les viols et le recrutement d’enfants soldats. Il a également demandé l’accès humanitaire aux populations affectées par la guerre, qui souffrent de la faim, de la soif et des maladies.
Le Comité d’avocats pro-démocratie a quant à lui réclamé le respect du droit à la vie et à la dignité des civils, ainsi que le retour à un processus politique inclusif et pacifique. Il a rappelé que le Soudan avait connu une révolution populaire en 2019, qui avait renversé le dictateur Omar el-Béchir après 30 ans de règne sans partage. Il a souligné que le peuple soudanais aspirait à la liberté, à la justice et à la démocratie, et qu’il ne méritait pas de subir cette guerre fratricide.