Choc des religions : les clés d’Aliou Diallo pour enrayer la violence ?
Le vendredi 16 octobre 2020, le professeur Samuel Paty a été tué dans son lycée à Conflans (France) par un terroriste tchétchène pour avoir montré à ses élèves des caricatures du prophète de l’Islam, Mahomet. Ce drame a inspiré diverses réactions. Certains hommes politiques vont plus loin en proposant des solutions pour un meilleur vivre ensemble. C’est le cas du Malien Aliou Diallo.
Samuel Paty, un professeur d’histoire et géographie français a été décapité à Conflans, le vendredi 16 octobre 2020, pour avoir montré en classe des caricatures de Mahomet, extraites du magazine satirique Charlie Hebdo. Quelques jours plus tard, Emmanuel Macron a promis que la France ne renoncerait pas aux caricatures, au nom de la liberté d’expression.
Une déclaration qui a mis le feu aux poudres dans plusieurs pays musulmans, qui considèrent la caricature du Prophète comme un blasphème.
« Les dirigeants du monde à se réunir pour définir ensemble un cadre de coexistence pacifique »
Pour éviter une montée des extrémismes et de la haine, des leaders invitent au dialogue entre les religions. Parmi eux figurent Aliou Diallo, un homme politique malien qui a terminé troisième de la dernière élection présidentielle de 2018. Il appelle « les dirigeants du monde à se réunir pour définir ensemble un cadre de coexistence pacifique et amicale entre les cultures et les confessions ». Selon lui, « la liberté d’expression est un droit inaliénable. Toute personne raisonnable y aspire », « mais comme toute liberté, elle s’arrête où commence celle d’autrui. Elle a des devoirs comme elle a des droits ». Elle doit surtout s’accompagner de « responsabilité » et de « respect ».
Aliou Diallo interpelle également sur la nécessité de s’adapter à l’évolution des mentalités. « Les moyens d’expressions ne sont plus ceux d’antan » et aujourd’hui « ce qui fait rire quelques-uns, choque et blesse une multitude, qui en général choisit de ne pas répondre à l’agression. Mais pour certains esprits, la colère emporte toute limite, exige de réagir, échappe à toute raison. Ils choisissent de s’exprimer en lettres de sang », déplore-t-il. Tout en condamnant les attentats terroristes de ces derniers jours, le leader d’ADP-Maliba attire toutefois l’attention sur « la gravité que peut avoir à notre époque tout acte que chacun pose, serait-ce une image, un mot ».
Définir ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas
« N’est-il pas temps de réfléchir aux conséquences de ses actes ? Demander un minimum de retenue, est-ce attenter à sa liberté d’expression ? », interroge cette figure politique malienne. « Si on veut éviter le pire, il est urgent que du monde entier, de toutes origines, toutes cultures, et de toutes religions, des représentants acceptent de se retrouver pour une conférence internationale sur le vivre-ensemble. Que chacun ait sa voix et puisse s’exprimer. Pour renouer avec le dialogue, amorcer la conciliation. Pour faire valoir les points communs plutôt que les divergences. Pour déterminer comment la liberté des uns peut s’exprimer sans porter atteinte à la dignité et à l’honneur de l’Autre », propose Aliou Boubacar Diallo.
Au cours de cette conférence internationale, les chefs d’Etat du monde entier discuteraient avec les principales figures religieuses de toutes confessions pour crever l’abcès des non-dits et créer les conditions du vivre-ensemble. « Nous devons définir ce qui est acceptable par tous dans le respect de la liberté d’expression et du droit au respect de la religion d’autrui. Pour mettre un terme aux tueries et aux représailles, aux provocations et aux insultes qui n’apportent que division et haine », insiste l’homme politique.