Algérie

Une commission d’historiens pour éclairer l’histoire de l’Algérie et de la France

L’histoire de l’Algérie et de la France est marquée par la colonisation, la guerre et la décolonisation, qui ont laissé des traces profondes et parfois douloureuses dans les mémoires des deux peuples. Pour mieux se comprendre et se réconcilier, les présidents Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune ont décidé de créer une commission mixte d’historiens français et algériens, chargée d’étudier les archives de cette époque sans tabou. Cette commission a tenu sa première réunion le 19 avril 2023 à Alger. Quels sont ses objectifs, sa composition et ses méthodes de travail ?

Un travail historique sans tabou

La commission mixte d’historiens français et algériens a pour objectif d’étudier l’ensemble de la période historique allant du début de la colonisation française en Algérie, au XIXe siècle, à la guerre de libération et à l’indépendance de l’Algérie, au XXe siècle. Elle doit dresser un inventaire des archives déposées en France et en Algérie, qui traitent particulièrement de la conquête coloniale, des violences commises par les deux camps, des massacres, des disparitions, des tortures, des exactions, mais aussi des résistances, des solidarités, des échanges culturels et humains.

Voici une vidéo relatant l’histoire de la guerre en Algérie :

Elle doit également aborder d’autres sujets sensibles, comme le sort des harkis, des pieds-noirs, des rapatriés, des immigrés ou encore des enfants nés pendant ou après la guerre. La commission doit rendre compte de ses travaux dans un rapport commun, qui sera publié et diffusé largement.

Une commission indépendante et paritaire

La commission mixte d’historiens français et algériens est composée de dix membres, cinq du côté algérien et cinq du côté français. Les co-présidents sont Benjamin Stora, professeur des universités et spécialiste reconnu de l’histoire de l’Algérie contemporaine, et Mohamed El Korso, professeur à l’université d’Oran et directeur du Centre national de recherche en anthropologie sociale et culturelle (CRASC).

Les autres membres sont Florence Hudowicz, conservatrice du patrimoine au ministère français de la Culture, Jacques Frémeaux, professeur des universités à Paris-Sorbonne et auteur de plusieurs ouvrages sur l’histoire coloniale française, Jean-Jacques Jordi et Tramor Quemeneur, historiens et enseignants universitaires français spécialisés sur l’Algérie, ainsi que Fatima Zohra Guechi, Malika Rahal, Sidi Mohammed Lakhdar Barka et Abderrahmane Bouchène, historiens et chercheurs algériens. La commission est indépendante et dispose d’un accès complet aux archives des deux pays. Elle peut solliciter les avis et les observations d’autres historiens dont les travaux et expertises sont reconnus en la matière.

Une commission attendue et espérée

La création de la commission mixte d’historiens français et algériens répond à une attente forte des deux sociétés, qui souhaitent connaître la vérité sur leur passé commun et apaiser les mémoires blessées. Elle s’inscrit dans le processus engagé par Emmanuel Macron depuis son premier mandat pour reconnaître les responsabilités de la France dans les crimes commis pendant la colonisation et la guerre d’Algérie. Elle fait suite au rapport Stora remis au président français en janvier 2022, qui formulait une vingtaine de recommandations pour construire une mémoire commune et réconciliée.

Elle s’accompagne également d’autres gestes symboliques forts, comme le pardon demandé aux harkis, la reconnaissance du sort des pieds-noirs, l’ouverture prochaine d’un musée de l’Histoire de France et de l’Algérie à Montpellier ou encore la restitution de certains biens culturels algériens spoliés pendant la colonisation.

Une commission porteuse d’avenir

La commission mixte d’historiens français et algériens n’a pas pour vocation de juger ou de condamner, mais de faire la lumière sur l’histoire de l’Algérie et de la France, dans toute sa complexité, sa diversité et sa richesse. Elle ne cherche pas à imposer une vérité unique ou officielle, mais à favoriser le dialogue, le débat et la compréhension mutuelle.

Elle ne vise pas à ressasser le passé ou à raviver les rancoeurs, mais à ouvrir une page nouvelle dans les relations entre les deux pays, fondée sur la confiance, le respect et la coopération. Elle espère ainsi contribuer à renforcer les liens entre les deux peuples, qui partagent une histoire, une langue, une culture et des intérêts communs.

Moussa D.

Ecole de journalisme à Tunis, je traite de beaucoup de sujets liés à l'actualité de mon continent de coeur : Economie, Marché, Politique et Santé ... je m'intéresse à tout et à tout le monde.

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