Madagascar : une élection présidentielle sous haute tension
Madagascar, la grande île de l’océan Indien, s’apprête à vivre une élection présidentielle cruciale pour son avenir. Prévue pour le 28 décembre 2023, cette élection oppose le président sortant Andry Rajoelina, qui brigue un second mandat, à son rival historique Marc Ravalomanana, qui tente de reconquérir le pouvoir après avoir été renversé en 2009. Dans ce contexte, quels sont les enjeux et les défis de ce scrutin ? Voici quelques éléments de réponse.
Un duel à distance entre deux anciens putschistes
L’élection présidentielle de 2023 s’annonce comme un remake de celle de 2018, qui avait vu Andry Rajoelina l’emporter au second tour avec 55,66% des voix contre 44,34% pour Marc Ravalomanana. Les deux hommes se connaissent bien, puisqu’ils se sont affrontés à plusieurs reprises sur la scène politique malgache depuis plus d’une décennie.
Voici une vidéo relatant ces faits :
Tous deux sont d’anciens putschistes : Rajoelina a pris le pouvoir en 2009 avec le soutien de l’armée, après avoir mené une révolte populaire contre Ravalomanana, qui avait lui-même accédé à la présidence en 2002 à la suite d’un soulèvement contre Didier Ratsiraka. Depuis lors, les deux rivaux se livrent une guerre sans merci, alternant entre périodes de cohabitation forcée et de confrontation ouverte.
Un pays en proie à la pauvreté et à l’insécurité
Au-delà de la rivalité personnelle entre les deux candidats, l’élection présidentielle de 2023 se joue sur fond de crise sociale et économique. Madagascar est l’un des pays les plus pauvres du monde, avec un indice de développement humain (IDH) parmi les plus faibles et un taux de pauvreté qui touche près de 80% de la population.
Le pays est également confronté à des défis majeurs en matière de sécurité alimentaire, d’accès à l’eau potable, d’éducation et de santé. La pandémie de Covid-19 a aggravé la situation, entraînant une récession de 4,2% du PIB en 2020 et une hausse du chômage et de la précarité. Par ailleurs, le pays fait face à une recrudescence de l’insécurité, notamment dans le sud, où des groupes armés sèment la terreur et pratiquent le vol de zébus, un animal sacré pour les Malgaches.
Une campagne électorale sous surveillance internationale
Dans ce contexte tendu, la campagne électorale pour l’élection présidentielle s’annonce comme un test pour la démocratie malgache. Les observateurs internationaux seront attentifs au respect des règles du jeu électoral, notamment en matière de transparence du scrutin, d’égalité des chances entre les candidats et de liberté d’expression et de réunion.
La communauté internationale espère également que le processus électoral se déroulera dans le calme et sans violence, afin d’éviter une nouvelle crise politique qui pourrait compromettre la stabilité et le développement du pays. Pour cela, il faudra que les deux principaux candidats acceptent le verdict des urnes et reconnaissent la légitimité du vainqueur.
Un choix décisif pour l’avenir de Madagascar
L’élection présidentielle de 2023 est donc un moment clé pour Madagascar, qui doit choisir entre deux visions opposées du pays. D’un côté, Andry Rajoelina se présente comme le candidat du changement et du progrès, mettant en avant son bilan en matière d’infrastructures, d’énergie et de lutte contre la corruption.
De l’autre, Marc Ravalomanana se pose en défenseur des valeurs traditionnelles et du développement rural, critiquant la gestion autoritaire et clientéliste de son adversaire. Quel que soit le résultat du scrutin, il faudra que le futur président soit capable de rassembler les Malgaches autour d’un projet commun pour sortir le pays de la pauvreté et lui offrir un avenir meilleur.