Le caviar de Madagascar est devenu le premier caviar africain et l’un des meilleurs au monde
Le caviar est un produit de luxe qui évoque la gastronomie raffinée et le glamour. Mais saviez-vous que le premier caviar africain est produit à Madagascar, l’un des pays les plus pauvres du monde ? C’est l’histoire incroyable de trois entrepreneurs français qui ont relevé le défi de créer le berceau du caviar « made in Madagascar » dans un lac artificiel à 1400 mètres d’altitude.
Un pari fou né d’un reportage télévisé
Tout a commencé en 2009, lorsque Delphyne et Christophe Dabezies, ainsi qu’Alexandre Guerrier, trois entrepreneurs français installés à Madagascar, ont vu un reportage sur un élevage d’esturgeons en France. Ils ont alors eu l’idée de se lancer dans la production de caviar sur la Grande Île, qui possède des terroirs exceptionnels et des produits rares comme la vanille, le cacao ou les crevettes bio. Ils ont choisi le lac de Mantasoa, situé à 70 kilomètres de la capitale Antananarivo, pour y installer leur ferme aquacole Rova Caviar.
Voici une vidéo montrant ce caviar malgache :
Ce lac artificiel, créé au XIXe siècle par le roi Radama Ier pour alimenter une usine métallurgique, offre des conditions idéales pour l’élevage des esturgeons : une eau pure et fraîche, alimentée par les pluies, et une altitude qui ralentit la croissance des poissons et améliore la qualité de leurs œufs.
Une filière entièrement locale et respectueuse de l’environnement
Pour produire leur caviar, les trois associés ont importé des œufs fécondés d’esturgeons de Russie, qui ont éclos dans une maternité à poissons à Mantasoa. Les alevins sont ensuite placés dans des bassins d’eau douce jusqu’à atteindre 500 grammes, puis transférés dans des cages géantes posées au fond du lac. Seules les femelles sont conservées jusqu’à maturité de leurs œufs, qui survient entre 7 et 10 ans.
Les mâles sont transformés en filets ou en rillettes. La ferme Rova Caviar emploie 300 salariés, formés sur place par des professionnels du caviar venus de l’étranger. Elle respecte les normes environnementales et sociales les plus strictes, en utilisant des aliments sans OGM ni antibiotiques pour nourrir les poissons, en recyclant les déchets organiques en engrais pour les agriculteurs locaux, et en soutenant des projets sociaux dans la région.
Un caviar d’exception qui séduit les plus grands chefs
Le premier caviar malgache est sorti de l’usine le 26 juin 2017, jour de la fête nationale du pays. Depuis lors, la production n’a cessé d’augmenter, passant de 4 tonnes en 2019 à 8,5 tonnes en 2022. Le caviar Rova se décline en trois variétés : le Traditionnel, aux grains noirs et au goût iodé prononcé ; le Royal, aux grains dorés et au goût plus subtil ; et l’Impérial, aux grains gris perle et au goût délicat.
Le caviar Rova est vendu principalement sur le marché local, mais aussi à l’étranger, notamment en France, où il est distribué par la maison Petrossian et servi dans les restaurants étoilés. Les amateurs de caviar apprécient sa fraîcheur, sa texture fondante et son arôme de beurre frais. Il est considéré comme l’un des meilleurs caviars au monde, et le seul caviar produit en Afrique et dans l’océan Indien.
Un symbole de luxe qui contraste avec la pauvreté du pays
Le caviar de Madagascar est un produit paradoxal, qui illustre le contraste entre la richesse naturelle et la misère humaine du pays. Alors que le kilogramme de caviar se vend entre 1000 et 2000 euros, le salaire moyen à Madagascar est de 40 euros par mois. Les trois entrepreneurs français sont conscients de cette réalité et cherchent à la changer en créant des emplois, en payant des impôts, en soutenant l’éducation et la santé, et en valorisant le savoir-faire malgache.
Ils espèrent aussi que leur caviar contribuera à faire connaître Madagascar au-delà des clichés et à attirer les touristes et les investisseurs. Le caviar de Madagascar est donc plus qu’un produit de luxe, c’est un produit d’espoir.