Manifestations au Kenya contre la hausse des taxes : 11 personnes arrêtées
Le mardi 6 juin 2023, des manifestants kényans ont défilé dans la capitale Nairobi pour protester contre la crise du coût de la vie et un nouveau projet de loi de finances qui prévoit d’instaurer ou d’augmenter des taxes sur de nombreux produits et services. La police a tiré des gaz lacrymogènes et arrêté 11 personnes pour tenter de disperser le rassemblement, selon des journalistes de l’AFP sur place.
Un projet de loi contesté
Le projet de loi de finances 2023, qui doit être débattu cette semaine au parlement, prévoit de nouvelles ou d’augmentées taxes sur une large gamme d’articles, notamment le carburant et la nourriture, mais aussi les produits de beauté, les crypto-monnaies et les influenceurs des réseaux sociaux. Le gouvernement espère ainsi générer 289 milliards de shillings (environ 22 milliards d’euros) de recettes fiscales pour financer un budget de 3,6 trillions de shillings (environ 276 milliards d’euros) pour l’année 2023/24.
Voici une vidéo relatant cette nouvelle :
Une marche pacifique réprimée
Les manifestants, qui ont dit avoir notifié la police de leur intention de marcher, ont baptisé leur mouvement « sita sita » (six six), car il a eu lieu le sixième jour du sixième mois. Ils ont scandé « A bas le projet de loi de finances » et « Ils veulent nous tuer de faim » en se dirigeant vers le parlement, où les députés ont repris leurs travaux après une pause. Ils ont brandi des pancartes portant des slogans tels que « Plus de taxation mènera-t-elle à une baisse du coût de la vie ? » et « La pauvreté est faite par l’homme ».
La police a tiré plusieurs salves de gaz lacrymogènes et arrêté 11 personnes, qu’elle a entassées dans un camion, pour essayer de disperser la manifestation, ont rapporté des journalistes de l’AFP sur place. Amnesty Kenya a appelé à la libération inconditionnelle des 11 personnes arrêtées, affirmant que le droit de manifester, de s’exprimer et de participer au débat public est sacré selon notre Constitution et le droit international. L’intervention policière a également suscité une rare critique publique d’un haut fonctionnaire. Aucune manifestation pacifique, surtout si elle porte sur une conversation économique nationale en cours, ne devrait être perturbée ni faire l’objet d’arrestations, a déclaré Korir Sing’oei, secrétaire principal au ministère des affaires étrangères.
Un président sous pression
Le président William Ruto cherche à remplir les caisses vides de l’Etat et à réparer une économie fortement endettée héritée de son prédécesseur Uhuru Kenyatta, qui a dépensé sans compter pour des grands projets d’infrastructures. Ruto était le vice-président d’Uhuru Kenyatta. Il est accusé par ses détracteurs d’avoir renié les promesses faites pendant la campagne électorale d’août 2022, lorsqu’il s’était présenté comme le champion des Kényans pauvres et avait promis d’améliorer leur situation économique.