Le Mali subit la colère des organisations internationales alors que le pays d’Afrique de l’Ouest entame une nouvelle transition à peine six mois après que l’armée a renversé le président Ibrahim Boubacar Keita (IBK). La cour constitutionnelle du pays a confirmé vendredi le colonel Assimi Goita comme nouveau président de transition. Goita est le chef militaire qui a dirigé le renversement d’IBK en août dernier et jusqu’à cette semaine était le vice-président du pays.
Immédiatement après sa confirmation en tant que nouveau président du pays, le colonel Goita a annoncé qu’un nouveau Premier ministre serait nommé dans les prochains jours. Dans une tentative apparente de gagner la confiance des Maliens fatigués et des dirigeants hostiles de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), Goita a affirmé que sa mission est de sauver le Mali du chaos politique créé par ses prédécesseurs.
Le discorde règne
Selon Goita et ses partisans, les dirigeants de la première transition qui venaient d’être déposés, le président Bah Ndaw et le Premier ministre Moctar Ouane, avaient violé les termes de l’accord politique mis en place après la destitution d’IBK par l’armée en août de l’année dernière.
Voici une vidéo relatant ces problèmes :
Les partisans des nouveaux dirigeants de transition du Mali ont fait valoir que l’armée se sentait obligée d’intervenir une fois de plus pour empêcher les dirigeants de transition maintenant arrêtés de diriger le Mali comme l’a fait IBK. Goita lui-même l’a suggéré lors d’une réunion vendredi avec des partis politiques et des personnalités de la société civile à Bamako, la capitale du Mali.
Les Maliens n’en peuvent plus de la situation
Chez les Maliens ordinaires, la dernière intervention de la junte militaire a suscité des réactions mitigées. Beaucoup craignent qu’une direction militaire politisée et avide de pouvoir ne soit pas un bon signe pour un pays qui lutte pour accepter les mouvements rebelles et la propagation des groupes islamistes extrémistes dans le nord.
Certains critiques ont déclaré qu’au lieu d’intervenir à plusieurs reprises pour destituer des politiciens avec lesquels ils ne sont pas d’accord, les militaires feraient mieux d’aller sur le terrain et de mener le vrai combat contre les groupes militants dans le nord du Mali. Mais un nombre important de Maliens ont salué les actions de Goita et de ses amis de la junte. Selon ce groupe, la dernière intervention militaire a été la poursuite de l’opposition populaire à IBK.
Un renversement continu
Comme le renversement de l’ancien président, affirment-ils, l’arrestation du président de transition Bah Ndaw et du Premier ministre Moctar Ouane était une mesure patriotique visant à empêcher le pays d’être dirigé par des politiciens serviles et intéressés plus passionnés par les intérêts français que par les bien- être des Maliens.
L’AFP a rapporté que plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées pour soutenir l’armée sur une place centrale de la ville vendredi, avec de nombreux portraits de Goita. Alors que le pays fait face aux mêmes démons qui ont conduit de nombreux Maliens à former le mouvement d’opposition M5 pour protester contre le règne d’IBK, l’idée dominante dans ce pays d’Afrique de l’Ouest est que Goita et ses alliés ont besoin du soutien populaire pour s’acquitter de leur devoir transitoire de sauver la démocratisation ratée du Mali.