Kinshasa peut-il sauver sa monnaie ?
La crise sanitaire liée à coronavirus agit conséquemment sur l’économie Congolaise, plus précisément sur la devise congolaise.
Le gouvernement congolais a approché la banque centrale pour mettre à sa disposition les devises lui permettant de répondre à ses engagements. En pleine crise du Covid-19, la monnaie nationale de la République démocratique du Congo dévisse. Quand 1 dollar était échangé en moyenne de 1700 francs congolais à la banque, il ya quelques semaines (1725 francs sur le marché parallèle à, il se situe à présent à 1 pour 1800 sur le marché officiel voire 1850 francs en moyenne pour le marché parallèle, selon nos informations.
Un risque de spéculation bien présent
Face au risque de spéculation, le gouverneur de la Banque centrale du Congo(BCC), Deogratias Mutombo, a été chargé d’actionner les mécanismes nécessaires pour stabiliser le taux de change de la monnaie nationale. Quant aux minitres en charge du Budget, Jean-Baudouin Mayo, et des Finances, José Sele Yalaghuli, ils ont été invités à limiter les dépenses publiques et à procéder à un « ajustement budgétaire », a indiqué la banque à l’issue du dernier comité politique monétaire.
En effet, une équipe d’expert du FMI, dirigée par Mauricio Villafuerte so responsable Afrique, s’est rendue à Kinshasa du 19 au 25 février pour discuter de l’évolution du programme de référence approuvé en décembre dernier, mettre à jour le cadre macroéconomique et discuter des conclusions de la récente évaluation des sauvegardes de la banque centrale. La mission de FMI note notamment, que l’exécution du budget 2020 jusqu’à mi-février soulève des inquiétudes liées aux pressions sur les dépenses et à la faiblesse des recettes, qui ont entraîné de nouvelles avances de la Banque centrale du congo(BCC) au gouvernement et l’érosion de ses réserves en devise.
La banque centrale n’a pas vocation de financer le gouvernement
Fin janvier, le solde négatif de 114 milliards de francs congolais (50,7 millions d’euros) a été couvert par la souscription aux bons de trésor de 42 milliards de francs congolais et des avances de la Banque centrale du Congo de 94 milliards de francs Congolais, selon le ministère de finance. Pour Philippe Egoumé, représentant du FMI à Kinshasa, la Banque centrale du
Congo n’a pas vocation de financer le gouvernement. Elle a pour rôle de maintenir la stabilité macroéconomique et la stabilité interne (La vie interne et le taux d’échange). Le recours fréquent aux avances de la banque centrale ont pour conséquence la réduction des réserves de change. Si ces réserves baissent à une semaine d’importation, la banque centrale ne sera en mesure de stabiliser la monnaie, a-t-il souligné.
Le pire a été évité entre janvier et mi-février
La deuxième semaine du mois de février a connu une inflation de 0,102 % au niveau national et 0,097 % Kinshasa, indique l’Institut national de à la statistique (INS). Une inflation attribuée à l’augmentation de prix des biens et services sur le marché. En cumul, cette l’inflation a atteint 0,659% au niveau national et 0,681 % à Kinshasa. Pour stabiliser les prix, la banque centrale a dû intervenir en injectant beaucoup de devises en dollars sur le marché de change, afin de retirer la masse monétaire de francs en circulation, après paiement des agents et fonctionnement, souligne une source de la banque centrale.
Objectifs quantitatifs atteints
Toutefois, les données préliminaires du rapport du FMI soulignent que tous les objectifs quantitatifs et repères structurels à fin décembre 2019, dans le cadre du programme de référence, ont été atteints. Jusqu’à présent, la situation macroéconomique est restée relativement stable, souligne le communiqué de la mission du FMI. Pour éviter tout recours aux avances de la banque centrale, la mission a recommandé au gouvernement de mobiliser davantage des recettes publiques.
Elle a salué les mesures prises par les autorités pour contenir les dépenses à l’avenir et les a exhorté à intensifier la mobilisation des recettes. Le programme de référence entre le gouvernement congolais et le FMI court jusqu’à mai 2020. C’est à l’issue de ce programme test que la conclusion d’un accord formel avec le FMI sera envisageable.