L’ambassadeur sud-africain expulsé des États-Unis rentre sans regrets, défiant Trump

Source : Unsplash

Ebrahim Rasool, l’ambassadeur d’Afrique du Sud expulsé des États-Unis, est rentré dans son pays dimanche 23 mars 2025, accueilli par une foule enthousiaste au Cap. Déclaré « persona non grata » par les autorités américaines, Rasool a affirmé n’avoir « aucun regret » après avoir critiqué ouvertement Donald Trump et ses politiques. Cette expulsion marque un nouveau chapitre dans les relations tendues entre Pretoria et Washington depuis le retour de Trump au pouvoir.

Un accueil chaleureux au Cap

À son arrivée à l’aéroport du Cap, Ebrahim Rasool a été accueilli par plusieurs centaines de personnes venues lui témoigner leur soutien. « Nous n’avons pas choisi de rentrer chez nous, mais nous rentrons sans regrets », a-t-il déclaré, tenant un mégaphone pour s’adresser à la foule. Il a souligné que son expulsion était une conséquence de sa défense des valeurs sud-africaines, notamment en critiquant les politiques de Trump qu’il a qualifiées de « suprémacistes ».

Rasool a également rappelé que son retour ne signifiait pas la fin des relations avec les États-Unis, mais plutôt une nécessité de les redéfinir. « Nous devons reconstruire et réinitialiser cette relation », a-t-il affirmé, insistant sur l’importance de maintenir un dialogue malgré les tensions actuelles.

Les tensions entre Pretoria et Washington

L’expulsion de Rasool intervient dans un contexte de relations diplomatiques dégradées entre les deux pays. Donald Trump a multiplié les critiques envers l’Afrique du Sud depuis son retour au pouvoir en janvier 2025. En février, il a annoncé la réduction des aides américaines à Pretoria, accusant le gouvernement sud-africain de discriminer les fermiers blancs par le biais d’une loi sur l’expropriation des terres.

Trump a également attaqué l’Afrique du Sud pour sa plainte contre Israël devant la Cour internationale de justice, où Pretoria a accusé l’État hébreu de génocide à Gaza. Ces actions ont exacerbé les tensions, culminant avec l’expulsion de Rasool après qu’il a critiqué Trump lors d’un webinaire, l’accusant de « mobiliser un suprémacisme contre le pouvoir en place ».

Une mesure sans précédent

L’expulsion de Rasool a été qualifiée de « sans précédent » par le ministère sud-africain des Affaires étrangères. Ronald Lamola, le ministre des Affaires étrangères, a déploré cette décision, soulignant que Rasool était sur le point de rencontrer des responsables stratégiques à la Maison Blanche avant son expulsion. « Dans le cadre de relations diplomatiques normales, une démarche aurait dû être entreprise auprès de l’ambassadeur pour qu’il s’explique sur ses commentaires », a-t-il regretté.

Cette décision a également suscité des réactions vives en Afrique du Sud, où certains partis politiques ont accusé Trump de mener une politique hostile. Le parti de gauche radical EFF a même qualifié Trump de « grand sorcier d’un Ku Klux Klan mondial ».

L’avenir des relations entre les deux pays

Malgré ces tensions, Rasool a insisté sur la nécessité de maintenir un dialogue avec les États-Unis. « Nous ne pouvons pas adopter l’idée simpliste selon laquelle il faut un ambassadeur blanc pour un président blanc », a-t-il déclaré, soulignant que les relations diplomatiques doivent évoluer avec le temps.

L’Afrique du Sud, qui préside actuellement le G20, a exprimé son désir d’améliorer ses relations avec Washington, notamment en raison des importants échanges commerciaux entre les deux pays. Cependant, Rasool a averti que Pretoria ne devrait pas sacrifier ses valeurs pour rétablir ces liens. « La déclaration de persona non grata est destinée à vous humilier, mais je la porterai comme un insigne de dignité », a-t-il conclu.

Cette expulsion marque un moment charnière dans les relations entre l’Afrique du Sud et les États-Unis, alors que les deux pays cherchent à naviguer dans un contexte diplomatique de plus en plus complexe.

This website uses cookies.