Les crédits-carbone en Afrique : un double édgede la lutte contre le changement climatique

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La course aux crédits-carbone, destinée à encourager les pratiques durables et à réduire les émissions de gaz à effet de serre, présente un paradoxe complexe en Afrique. D’une part, ces mécanismes de marché visent à financer des projets environnementaux et à promouvoir le développement durable. D’autre part, ils risquent de déclencher un accaparement des terres, menaçant ainsi les communautés locales et leurs moyens de subsistance.

Le mécanisme des crédits-carbone

Les crédits-carbone sont des certificats émis pour représenter une réduction d’une tonne de dioxyde de carbone (CO2) ou d’un autre gaz à effet de serre. Ces crédits peuvent être achetés et vendus sur les marchés internationaux, permettant ainsi aux entreprises et aux gouvernements de compenser leurs émissions en finançant des projets qui réduisent les émissions de gaz à effet de serre ailleurs. En Afrique, de nombreux projets de crédits-carbone se concentrent sur la reforestation, la conservation des forêts, et les énergies renouvelables.

Cependant, ce mécanisme, bien intentionné, peut avoir des conséquences inattendues. L’attrait des crédits-carbone peut inciter des investisseurs à acquérir de grandes superficies de terres pour mettre en place des projets de reforestation ou d’agriculture durable, souvent sans consulter ou compenser adéquatement les communautés locales.

Le risque d’accaparement des terres

L’accaparement des terres, également connu sous le nom de “land grabbing,” est un phénomène où des investisseurs, souvent étrangers, acquièrent de vastes étendues de terres pour des projets agricoles, forestiers ou énergétiques. En Afrique, ce phénomène est particulièrement préoccupant car il peut déplacer les communautés rurales de leurs terres ancestrales, menaçant ainsi leur mode de vie et leur sécurité alimentaire.

Les projets de crédits-carbone peuvent exacerber ce problème en créant une demande accrue pour les terres arables et les forêts. Les investisseurs, attirés par les bénéfices potentiels des crédits-carbone, peuvent négocier des accords avec les gouvernements locaux sans toujours respecter les droits des communautés autochtones. Cela peut conduire à des conflits fonciers, à la perte de biodiversité et à la marginalisation des populations les plus vulnérables.

Les implications pour les communautés locales

Les communautés locales sont souvent les plus touchées par l’accaparement des terres lié aux projets de crédits-carbone. La perte de leurs terres agricoles et forestières peut les priver de leurs moyens de subsistance traditionnels, tels que l’agriculture de subsistance et la collecte de produits forestiers. Cela peut également entraîner des déplacements de population, des conflits sociaux et une augmentation de la pauvreté.

De plus, les projets de crédits-carbone peuvent négliger les droits des peuples autochtones et les principes de libre, prioritaire et informée consentement (FPIC). Il est crucial que les gouvernements et les organisations internationales garantissent que les projets de crédits-carbone soient mis en œuvre de manière transparente et équitable, en respectant les droits et les intérêts des communautés locales.

Les solutions pour une gestion durable

Pour éviter les risques d’accaparement des terres et garantir que les projets de crédits-carbone soient bénéfiques pour tous, plusieurs solutions peuvent être mises en place. La première consiste à renforcer les cadres réglementaires et les politiques foncières pour protéger les droits des communautés locales. Cela inclut la mise en place de mécanismes de consultation et de participation effective des communautés dans les processus de décision.

De plus, il est essentiel de promouvoir des pratiques agricoles et forestières durables qui intègrent les connaissances et les pratiques traditionnelles des communautés locales. Les projets de crédits-carbone devraient être conçus pour bénéficier directement aux populations locales, en leur offrant des avantages économiques et sociaux tangibles.

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