Le vendredi 9 février 2024, des milliers de Sénégalais ont manifesté dans les rues de Dakar pour protester contre le report de l’élection présidentielle, initialement prévue le 24 février. Des heurts ont éclaté entre les forces de sécurité et les manifestants, qui accusent le président Macky Sall de vouloir se maintenir au pouvoir.
Un « coup d’État constitutionnel » dénoncé par l’opposition
L’annonce du report de la présidentielle au 15 décembre prochain a provoqué la colère de l’opposition et de la société civile, qui y voient un « coup d’État constitutionnel ». Ils soupçonnent Macky Sall, au pouvoir depuis 2011, de chercher à se présenter pour un troisième mandat, alors qu’il avait promis de ne pas le faire. Ils dénoncent également l’élimination de plusieurs candidats potentiels, comme l’ancien maire de Dakar Khalifa Sall ou le fils de l’ex-président Abdoulaye Wade, Karim Wade, tous deux condamnés pour des affaires de corruption.
Voici une vidéo relatant cette nouvelle :
Une mobilisation massive malgré la répression
Malgré l’interdiction des rassemblements et le déploiement des forces de l’ordre, les manifestants ont tenté de se rendre à la place de la Nation, lieu symbolique de la contestation. Ils ont été dispersés à coups de gaz lacrymogène et de matraques. Des barricades ont été dressées et des pneus brûlés dans plusieurs quartiers de la capitale. Des affrontements ont également eu lieu dans d’autres villes du pays, comme Thiès ou Kaolack. Selon un bilan provisoire, au moins deux personnes ont été tuées et une cinquantaine blessées.
Un appel à la résistance et à la désobéissance civile
Face à la situation, les leaders de l’opposition et les organisations de la société civile ont appelé à poursuivre la mobilisation jusqu’au rétablissement du calendrier électoral initial. Ils ont lancé un mot d’ordre de résistance et de désobéissance civile, en demandant aux citoyens de s’habiller en blanc ou aux couleurs nationales lors des prières musulmanes et chrétiennes. Ils ont également prévu une nouvelle manifestation mardi prochain. « C’est juste le début d’un combat. Si le gouvernement s’entête, nous serons obligés de mener d’autres actions », a déclaré Assane Sene, un professeur syndiqué.
Un climat politique tendu depuis 2021
Le Sénégal traverse une crise politique sans précédent depuis 2021, lorsque Macky Sall a annoncé sa volonté de réviser la Constitution pour instaurer un quinquennat renouvelable une fois au lieu d’un septennat. Ce projet a été rejeté par référendum, mais le président a maintenu son intention de ne pas briguer un troisième mandat. Depuis lors, les tensions se sont exacerbées entre le pouvoir et l’opposition, qui dénonce une dérive autoritaire et une instrumentalisation de la justice. Des manifestations ont régulièrement émaillé le paysage politique sénégalais, faisant des dizaines de morts et des centaines d’arrestations.