Le Maroc face à une vague de chaleur sans précédent en hiver

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Le Maroc connaît depuis quelques jours des températures anormalement élevées pour la saison, dépassant les 30 degrés dans plusieurs villes. Ce phénomène, qui coïncide avec une sécheresse historique, inquiète les habitants et les autorités, qui ont pris des mesures de restriction d’eau. Quelles sont les causes et les conséquences de cette vague de chaleur exceptionnelle ? Comment le pays s’adapte-t-il à ce changement climatique brutal ?

Un phénomène météorologique rare

Selon les experts, la vague de chaleur qui frappe le Maroc est due à la rencontre de vents du désert avec l’anticyclone des Açores, qui bloque l’arrivée des perturbations atlantiques. Ce phénomène météorologique rare a provoqué une hausse spectaculaire des températures, qui ont atteint 34 degrés à Casablanca, 36 à Agadir et Essaouira, et même 40 à Marrakech. Ces valeurs sont largement supérieures aux normales saisonnières, qui tournent autour de 20 degrés en février.

Voici une vidéo relatant ces faits :

Ces chaleurs estivales contrastent avec le froid glacial qui a touché le pays en janvier, avec des chutes de neige importantes dans les régions montagneuses. Le Maroc subit donc une forte variabilité climatique, qui témoigne d’un dérèglement du système atmosphérique.

Une sécheresse inédite qui menace les ressources en eau

La vague de chaleur s’accompagne d’une absence de précipitations, qui aggrave la situation de sécheresse que connaît le Maroc depuis plusieurs mois. Selon le ministère de l’Agriculture, le déficit pluviométrique atteint 50% par rapport à la moyenne des trente dernières années. Le niveau des barrages est au plus bas, avec un taux de remplissage de 36%, contre 54% l’an dernier à la même période.

Cette sécheresse inédite menace les ressources en eau du pays, qui sont déjà limitées et soumises à une forte pression démographique et économique. Le Maroc est classé parmi les pays les plus touchés par le stress hydrique dans le monde, avec une disponibilité annuelle en eau par habitant inférieure à 1000 mètres cubes.

Des mesures d’urgence pour faire face à la crise

Face à cette situation critique, les autorités ont pris des mesures d’urgence pour faire face à la crise. Le gouvernement a décidé d’allouer une enveloppe budgétaire de 5 milliards de dirhams (environ 450 millions d’euros) pour soutenir le secteur agricole, qui représente près de 15% du PIB et emploie plus de 40% de la population active. Cette aide vise à compenser les pertes des agriculteurs et à encourager l’irrigation localisée, plus économe en eau.

Par ailleurs, des restrictions d’eau ont été imposées dans les grandes villes, comme Casablanca, Rabat ou Tanger, où la demande dépasse l’offre. Les habitants sont appelés à réduire leur consommation d’eau potable et à éviter le gaspillage. Des campagnes de sensibilisation sont menées pour promouvoir les bonnes pratiques et les gestes écoresponsables.

Un défi majeur pour l’avenir du pays

La vague de chaleur et la sécheresse que subit le Maroc sont des signes avant-coureurs du changement climatique, qui risque de s’accentuer dans les prochaines années. Selon les projections du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), le Maroc pourrait connaître une augmentation de la température moyenne de 2 à 4 degrés d’ici 2100, ainsi qu’une diminution des précipitations de 10 à 20%.

Ces scénarios impliquent des conséquences dramatiques pour le pays, qui devra faire face à une pénurie d’eau, à une désertification accrue, à une baisse de la production agricole, à une dégradation de la biodiversité, à une augmentation des risques sanitaires et à une aggravation des inégalités sociales.

Le Maroc est conscient de ce défi majeur et s’est engagé à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 42% d’ici 2030, dans le cadre de l’Accord de Paris sur le climat. Le pays mise également sur le développement des énergies renouvelables, notamment solaire et éolienne, pour diversifier son mix énergétique et réduire sa dépendance aux combustibles fossiles. Le Maroc se veut ainsi un modèle de transition écologique en Afrique et dans le monde arabe.

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