Le Cameroun, pionnier de la vaccination de masse contre le paludisme en Afrique

Source : Unsplash

Le paludisme est une maladie qui tue chaque année des centaines de milliers de personnes en Afrique, surtout des enfants de moins de cinq ans. Pour lutter contre ce fléau, le Cameroun a lancé la première campagne mondiale de vaccination de masse contre le paludisme, avec le soutien de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l’Alliance du vaccin (Gavi). Quels sont les enjeux et les résultats de cette initiative historique ?

Un vaccin efficace dans plus d’un tiers des cas

Au Cameroun, le vaccin RTS,S, fruit de 30 ans de recherche par le laboratoire britannique GSK, est utilisé. C’est le premier vaccin antipaludique recommandé par l’OMS, approuvé en octobre 2023. D’après des chercheurs américains, il est efficace dans au moins 36 % des cas, potentiellement sauvant plus d’une vie sur trois. Gratuit, il est administré en quatre doses aux nourrissons jusqu’à six mois. Les autorités sanitaires prévoient de l’administrer simultanément avec d’autres vaccins infantiles de routine pour simplifier la tâche des parents.

Voici une vidéo relatant cette nouvelle :

Une campagne qui s’inspire des expériences pilotes

Le Cameroun emboîte le pas au Ghana, au Kenya et au Malawi dans l’adoption du vaccin RTS,S en Afrique. Depuis 2019, ces pays ont conduit des essais pilotes, administrant quatre doses à partir de l’âge de 5 mois. Plus de 2 millions d’enfants ont été immunisés, ce qui a entraîné une “baisse spectaculaire” de la mortalité, selon Gavi, et une réduction significative des cas graves de paludisme et des hospitalisations. Ces résultats encourageants ont incité l’OMS à préconiser l’expansion de l’utilisation du vaccin à d’autres nations africaines.

Un déploiement à grande échelle sur le continent

Le Cameroun a inauguré la toute première campagne nationale de vaccination contre le paludisme. En janvier 2024, le pays a reçu 331 200 doses du vaccin RTS,S et a commencé à les déployer dans ses centres de santé. La première dose symbolique a été administrée à Daniella, une petite fille, dans un établissement de santé proche de Yaoundé. Cette initiative vise à protéger les enfants du Cameroun contre une maladie qui entraîne plus de 10 000 décès chaque année dans le pays.

D’autres pays africains devraient suivre l’exemple du Cameroun dans les prochains mois. Le Burkina Faso, le Liberia, le Niger et la Sierra Leone devraient recevoir 1,7 million de doses du vaccin RTS,S dans les semaines qui viennent. D’autres pays africains devraient également en recevoir dans les mois à venir. L’objectif est de produire 100 millions de doses du vaccin chaque année afin de couvrir les besoins du continent.

Un outil supplémentaire dans la lutte contre le paludisme

Le vaccin RTS,S ne constitue pas une panacée contre le paludisme. Il ne se substitue pas aux autres méthodes de prévention telles que les moustiquaires imprégnées d’insecticide ou les comprimés antipaludiques. Cependant, il offre une couche supplémentaire de protection aux enfants africains, particulièrement exposés au risque d’infection par le parasite transmis par les moustiques. Selon une étude réalisée au Royaume-Uni, l’utilisation conjointe de ces trois méthodes pourrait potentiellement procurer aux enfants une protection de 90 % contre le paludisme.

Outre le vaccin RTS,S, un autre vaccin contre le paludisme est en cours de développement. Il s’agit du R21, recommandé par l’OMS pour les enfants. Fabriqué par le Serum Institute of India (SII), ce vaccin a démontré une efficacité de 77 % lors des essais cliniques et pourrait être disponible dès 2025. Ces progrès scientifiques laissent entrevoir la possibilité de l’élimination du paludisme en Afrique.

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