Madagascar : la crise politique s’aggrave à l’approche de la présidentielle

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Madagascar s’apprête à élire son nouveau président le 9 novembre 2023, dans un contexte de forte tension politique et sociale. Le pays, qui connaît une instabilité chronique depuis le coup d’État de 2009, est divisé entre les partisans du chef de l’État sortant Andry Rajoelina et ceux de ses principaux rivaux, dont l’ex-président Marc Ravalomanana. Les candidats de l’opposition dénoncent des irrégularités dans le processus électoral et la candidature de Rajoelina, qui aurait la nationalité française. La situation a dégénéré le 2 octobre, lorsque les forces de l’ordre ont réprimé violemment une manifestation des candidats de l’opposition à Antananarivo, faisant plusieurs blessés et des arrestations.

Une élection contestée

L’élection présidentielle de 2023 est censée mettre fin à la crise politique qui secoue Madagascar depuis plus d’une décennie. Le pays a connu quatre changements de régime depuis son indépendance en 1960, dont le dernier en 2009, lorsque Andry Rajoelina, alors maire d’Antananarivo, a renversé Marc Ravalomanana avec le soutien de l’armée. Après une période de transition chaotique, marquée par des sanctions internationales et une grave crise économique et sociale, Rajoelina a remporté l’élection présidentielle de 2018 face à Ravalomanana, avec 55% des voix au second tour.

Voici une vidéo relatant ces faits :

Mais l’opposition n’a jamais reconnu la légitimité de Rajoelina, qu’elle accuse d’avoir truqué le scrutin et d’avoir profité de sa position pour consolider son pouvoir et favoriser ses proches. Elle lui reproche également d’avoir la nationalité française, ce qui serait contraire à la Constitution malgache, qui stipule que le président doit être exclusivement de nationalité malgache. Rajoelina a toujours nié avoir la double nationalité, mais n’a jamais fourni de preuve formelle.

Une manifestation réprimée

Les 11 candidats à l’élection sont descendus dans la rue pour contester l’organisation des élections dans le pays. Ils sont contre la participation de Andry Rajoeline qui possède la nationalité française. D’autre part, ils revendiquent également des élections transparentes.

Mais leur tentative a été violemment réprimée par les forces de l’ordre, qui ont tiré des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc sur la foule. Plusieurs personnes ont été blessées, dont deux candidats et un sénateur, qui ont été évacués vers l’hôpital. Deux gardes du corps de Ravalomanana ont été arrêtés. Les affrontements ont duré plusieurs heures dans différents quartiers de la capitale, avant que le calme ne revienne progressivement.

Une médiation internationale

Face à la montée des tensions, les Nations Unies ont dépêché un émissaire du secrétaire général, Parfait Onanga-Anyanga, pour tenter de trouver une issue pacifique à la crise. Il a rencontré les différents acteurs politiques, dont le FFKM (Conseil des Eglises chrétiennes), les candidats à la présidentielle et les membres du gouvernement collégial. Il a appelé au respect du calendrier électoral et au dialogue entre les parties prenantes.

L’Union africaine et l’Union européenne ont également exprimé leur préoccupation face à la situation à Madagascar et ont appelé au respect du processus démocratique et à la non-violence. Elles ont réaffirmé leur soutien à la Commission électorale nationale indépendante (CENI), chargée d’organiser le scrutin, et ont annoncé l’envoi d’observateurs électoraux.

Un avenir incertain

A moins d’un mois du premier tour de l’élection présidentielle, le climat politique à Madagascar reste tendu et incertain. Le pays, qui est l’un des plus pauvres du monde, avec un taux de pauvreté de 75% et un indice de développement humain de 0,528, a besoin d’une stabilité institutionnelle et d’une relance économique pour sortir de la crise. Mais les divisions entre les principaux acteurs politiques, qui se disputent le pouvoir depuis des années, risquent de compromettre la tenue d’un scrutin libre, transparent et apaisé. La communauté internationale, qui a accompagné la sortie de crise en 2018, reste vigilante et attentive à l’évolution de la situation à Madagascar.

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