La présence militaire française au Niger, qui remonte à plusieurs décennies, touche à sa fin. Depuis le 10 octobre 2023, les soldats français ont commencé à quitter le pays, suite à la demande du régime militaire qui a pris le pouvoir par un coup d’État fin juillet. Ce départ soulève de nombreuses questions sur les raisons, les modalités et les conséquences de cette décision.
Les raisons du retrait
Le retrait des troupes françaises du Niger s’inscrit dans un contexte de tensions entre la France et les autorités nigériennes. Ces dernières reprochent à la France son ingérence dans les affaires intérieures du pays, son soutien au président renversé Mahamadou Issoufou et son inefficacité dans la lutte contre le terrorisme dans la région du Sahel. Le régime militaire, dirigé par le colonel Djibo Salou, a exigé le départ des Français dès son arrivée au pouvoir, affirmant vouloir renforcer la souveraineté nationale et la coopération régionale.
Voici une vidéo relatant ces faits :
La France, de son côté, a accepté de se retirer du Niger, tout en exprimant ses regrets et ses inquiétudes. Le président Emmanuel Macron a annoncé la fin de la présence française au Niger le 29 septembre 2023, lors d’une conférence de presse à Paris. Il a déclaré que la France respectait la volonté du peuple nigérien, mais qu’elle restait attachée à la stabilité et à la démocratie dans le pays. Il a également souligné que la France continuerait à soutenir les efforts de sécurité et de développement dans le Sahel, notamment à travers l’opération Barkhane et le G5 Sahel.
Les modalités du retrait
Le retrait des troupes françaises du Niger s’effectue selon un calendrier arrêté d’un commun accord entre les deux parties. Il concerne environ 1 400 soldats et aviateurs français, qui étaient déployés dans la capitale Niamey et sur deux bases avancées dans l’ouest du pays, à Ouallam et Tabarey-Barey. Ces bases étaient situées au cœur de la zone dite des “trois frontières”, entre le Niger, le Mali et le Burkina Faso, où sévissent des groupes djihadistes affiliés à Al-Qaïda ou à l’Etat islamique.
Le retrait se fait par voie terrestre et aérienne, sous escorte des forces de défense et de sécurité nigériennes. Les premiers convois ont quitté les bases militaires le 10 octobre 2023, en direction du Tchad voisin, où se trouve le quartier général de l’opération Barkhane. Les premiers vols spéciaux ont également eu lieu le même jour, pour évacuer du personnel et du matériel. Le retrait devrait s’achever d’ici la fin de l’année 2023.
Les conséquences du retrait
Le retrait des troupes françaises du Niger a des conséquences importantes sur le plan sécuritaire, politique et économique. Sur le plan sécuritaire, il crée un vide stratégique dans une région en proie à l’instabilité et à la violence. Le Niger devra compter sur ses propres forces armées, qui manquent de moyens et de formation, ainsi que sur ses partenaires régionaux, qui sont eux-mêmes confrontés à des défis similaires. Le risque est que les groupes terroristes profitent de cette situation pour étendre leur influence et leurs attaques.
Sur le plan politique, il marque un tournant dans les relations entre la France et le Niger, qui étaient historiquement proches. Le Niger était considéré comme un allié stratégique de la France dans le Sahel, notamment pour l’accès à l’uranium, dont la France est le premier client mondial. Le retrait français pourrait ouvrir la voie à d’autres acteurs internationaux, comme la Chine ou la Russie, qui cherchent à renforcer leur présence et leur influence en Afrique.
Sur le plan économique, il entraîne une perte de revenus pour le Niger, qui bénéficiait des retombées de la coopération militaire avec la France. Selon le ministère nigérien de la Défense, la France versait environ 15 milliards de francs CFA (22,8 millions d’euros) par an au Niger au titre de la location des bases militaires et du soutien logistique. Le retrait français pourrait également affecter le secteur minier, qui représente plus de 70 % des exportations du Niger, si la France réduit ses achats d’uranium.
Les perspectives d’avenir
Le retrait des troupes françaises du Niger n’est pas la fin de la coopération entre les deux pays, mais il implique une redéfinition des modalités et des objectifs de cette coopération. La France a affirmé qu’elle resterait engagée au Niger et dans le Sahel, dans le cadre d’un partenariat renouvelé, fondé sur le respect mutuel et l’intérêt commun. La France a également appelé à la tenue d’élections libres et transparentes au Niger, pour permettre un retour à l’ordre constitutionnel et à la démocratie.
Le Niger, de son côté, a exprimé sa gratitude à la France pour son appui dans la lutte contre le terrorisme, tout en affirmant sa volonté de diversifier ses partenariats et de renforcer son autonomie. Le Niger a également réaffirmé son engagement dans le G5 Sahel, qui regroupe cinq pays du Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad), pour assurer la sécurité et le développement de la région.