Le sommet des BRICS, qui réunit les dirigeants du Brésil, de la Russie, de l’Inde, de la Chine et de l’Afrique du Sud, s’est ouvert mardi à Johannesburg, en Afrique du Sud, par un Forum des affaires. Il s’agit de la première rencontre en personne du bloc depuis le début de la pandémie de COVID-19. Le sommet, qui se tient du 22 au 24 août, doit aborder plusieurs sujets d’intérêt commun, notamment la possibilité d’élargir le membership du groupe à d’autres pays émergents ou en développement.
L’absence remarquée de Poutine
Le président russe Vladimir Poutine n’a pas pu assister au sommet en raison d’un mandat d’arrêt émis par la Cour pénale internationale pour son implication présumée dans le conflit armé en Ukraine. Il a toutefois adressé un message vidéo aux participants du Forum des affaires, dans lequel il a réitéré sa promesse de livrer gratuitement du blé à six pays africains, et a souligné que la Russie ne reviendrait au marché céréalier de la mer Noire que si toutes les obligations à son égard étaient respectées.
Voici une vidéo relatant cette nouvelle :
La Russie avait suspendu en juillet son accord avec l’Ukraine sur l’exportation de blé vers l’Afrique, invoquant le non-respect des conditions par Kiev. Poutine a également exprimé sa volonté de développer deux projets phares : une route maritime du Nord avec de nouveaux ports, des terminaux de carburant et une flotte brise-glace renforcée, et un corridor Nord-Sud reliant les ports russes aux terminaux maritimes du Golfe et de l’océan Indien.
La coopération économique au cœur des discussions
Les dirigeants des BRICS ont souligné l’importance de renforcer la coopération économique entre leurs pays, notamment dans les domaines du commerce, de l’investissement, de l’innovation et du développement durable. Ils ont également réaffirmé leur soutien au multilatéralisme et à la réforme du système commercial mondial basé sur les règles de l’Organisation mondiale du commerce. Le président sud-africain Cyril Ramaphosa, qui assure la présidence tournante du bloc cette année, a appelé à une reprise inclusive et résiliente après la crise sanitaire, en mettant l’accent sur la nécessité d’accélérer l’accès aux vaccins contre le COVID-19 pour tous les pays.
Le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva, qui effectue son premier déplacement à l’étranger depuis son retour au pouvoir en avril, a plaidé pour une plus grande solidarité entre les BRICS face aux défis communs. Le Premier ministre indien Narendra Modi a mis en avant les initiatives prises par son pays pour promouvoir l’autosuffisance et la transformation numérique. Le ministre chinois du Commerce Wang Wentao a quant à lui réitéré l’engagement de la Chine à ouvrir davantage son marché et à approfondir sa coopération avec les BRICS dans le cadre de l’initiative « la Ceinture et la Route ».
L’élargissement du groupe à l’étude
L’un des points forts du sommet est la réflexion sur l’élargissement du groupe à d’autres pays émergents ou en développement. Les BRICS représentent plus de 40 % de la population mondiale et environ 30 % du produit intérieur brut mondial. Ils disposent également d’une banque de développement et d’un fonds monétaire communs.
Plusieurs pays ont manifesté leur intérêt à rejoindre le bloc ou à renforcer leur partenariat avec lui, tels que le Mexique, l’Indonésie, le Nigeria, l’Égypte ou encore la Turquie. Les dirigeants des BRICS devraient examiner les critères et les modalités d’une telle expansion lors du sommet, qui pourrait aboutir à la création d’un nouveau mécanisme de dialogue et de coopération avec les pays tiers.
Les perspectives d’avenir du bloc
Le sommet de Johannesburg est le 13e du genre depuis la création du bloc en 2009. Il intervient dans un contexte de changements géopolitiques et économiques majeurs, marqués par la rivalité entre les États-Unis et la Chine, la montée des tensions régionales, la transition écologique et la transformation numérique. Les BRICS doivent faire face à des défis internes et externes, tels que la diversité de leurs modèles politiques et économiques, les divergences d’intérêts sur certains dossiers, ou encore la concurrence d’autres groupements régionaux ou thématiques.
Toutefois, les BRICS disposent également de nombreux atouts, tels que leur poids démographique et économique, leur potentiel d’innovation et de développement, leur capacité à influencer les agendas internationaux, ou encore leur volonté de renforcer leur coopération mutuelle et leur solidarité avec les pays du Sud. Le sommet de Johannesburg devrait ainsi être l’occasion pour les BRICS de réaffirmer leur vision commune d’un ordre mondial plus juste, plus équilibré et plus inclusif.