Le dimanche 8 août 2023, une attaque attribuée à des groupes djihadistes a fait au moins 20 morts et des dizaines de blessés dans la région du Centre-Est du Burkina Faso, près de la frontière avec le Togo. Il s’agit de la sixième attaque de ce type dans le pays en dix jours, qui témoigne de l’insécurité croissante dans cette zone du Sahel.
Les victimes : principalement des commerçants
Selon une source sécuritaire citée par l’AFP, l’attaque a visé un convoi de plusieurs dizaines de véhicules transportant des marchandises, qui revenaient du marché de Cinkansé, une localité commerçante située à la frontière togolaise. L’attaque a fait une vingtaine de morts, principalement des commerçants, a déclaré cette source.
Voici une vidéo relatant ces attaques :
Un autre commerçant a fait état de 25 personnes tuées et de plus de quinze camions de transport pillés et ensuite incendiés par les terroristes. Un troisième marchand a rapporté dix blessés, évacués vers Bittou, où se rendaient les commerçants après avoir quitté le marché.
Les auteurs : des djihadistes présumés
L’attaque n’a pas été revendiquée, mais elle porte la marque des groupes djihadistes qui sévissent dans la région du Sahel, notamment au Burkina Faso, au Mali et au Niger.
Ces groupes sont affiliés à Al-Qaïda ou à l’Etat islamique, et multiplient les attaques contre les civils, les forces de sécurité et les symboles de l’Etat. Selon un décompte de l’AFP, plus de 1 600 personnes ont été tuées dans des violences djihadistes au Burkina Faso depuis le début de l’année 2023, et plus de 5 000 depuis 2015. Cette violence a également provoqué le déplacement de plus de deux millions de personnes à l’intérieur du pays.
Le contexte : une spirale de violence sans fin
Le Burkina Faso est plongé dans une spirale de violence depuis 2015, lorsque la menace djihadiste venue du Mali voisin a commencé à se propager sur son territoire. Le pays, l’un des plus pauvres du monde, a connu deux coups d’Etat en 2022, qui ont porté au pouvoir le capitaine Ibrahim Traoré, un ancien chef d’état-major.
Celui-ci a promis de renforcer les opérations militaires contre les djihadistes, mais sans parvenir à endiguer leurs attaques. Il a également sollicité l’aide de la communauté internationale, notamment de la France, qui intervient au Sahel avec l’opération Barkhane. Mais cette présence militaire étrangère est contestée par une partie de la population, qui dénonce son inefficacité et ses bavures.
Les conséquences : une crise humanitaire sans précédent
L’insécurité croissante au Burkina Faso a des conséquences dramatiques sur la situation humanitaire du pays. Selon l’ONU, plus de 3,5 millions de personnes ont besoin d’une assistance d’urgence, dont 1,9 million d’enfants. La malnutrition, les maladies et le manque d’accès à l’eau potable menacent la survie des populations les plus vulnérables. Par ailleurs, la violence entrave le fonctionnement des services publics, notamment dans les domaines de l’éducation et de la santé.
Plus de 2 200 écoles sont fermées ou non opérationnelles à cause des menaces ou des attaques djihadistes, privant plus de 330 000 élèves d’un accès à l’éducation. Plus de 200 centres de santé sont également fermés ou partiellement fonctionnels, réduisant l’accès aux soins pour plus d’un million de personnes.