Le président sénégalais Macky Sall a fait une annonce officielle concernant son troisième mandat. Il a déclaré ne plus vouloir se présenter aux prochaines élections. La décision de Sall de quitter le pouvoir à la fin de son mandat ouvre la voie à des élections ouvertes dans ce pays d’Afrique de l’Ouest, longtemps considéré comme un bastion de la démocratie dans une région troublée.
Une annonce qui apaise les tensions
L’annonce de Sall a probablement calmé les craintes d’un recul démocratique au Sénégal. Les rumeurs selon lesquelles le président âgé de 61 ans tenterait de prolonger son séjour au pouvoir ont provoqué des épisodes de violences depuis 2021, au cours desquels des dizaines de personnes ont été tuées.
À la veille du discours national de Sall, son plus farouche critique, Ousmane Sonko, avait appelé le public à sortir en masse et à s’opposer à lui. Sonko, un orateur enflammé populaire auprès de la jeunesse désabusée du Sénégal, a dépeint Sall comme un corrompu, un dictateur en puissance. Il incombe à tout le peuple sénégalais de se lever, de lui faire face, a déclaré Sonko dimanche.
Voici une vidéo relatant cette nouvelle :
Un bilan contrasté
Sall a été élu pour la première fois en 2012 pour un mandat de sept ans après avoir battu le président sortant Abdoulaye Wade, dont la décision de briguer un troisième mandat controversé avait provoqué des manifestations violentes dans la rue. Wade avait finalement reconnu sa défaite après un second tour entre lui et Sall, son ancien protégé. Sall a été réélu en 2019 pour un mandat de cinq ans, suite à une révision constitutionnelle qui fixait une limite de deux mandats présidentiels.
Le président n’a pas désigné de successeur politique et s’était montré évasif sur un autre mandat. Certains craignaient qu’il ne suive d’autres dirigeants régionaux, notamment en Côte d’Ivoire et au Togo, qui ont utilisé des changements constitutionnels comme prétexte pour remettre leur mandat à zéro et prolonger leur emprise sur le pouvoir. Sall a été salué pour avoir fait du Sénégal l’une des économies les plus dynamiques d’Afrique, avec une croissance moyenne de 6,5 % entre 2014 et 2019. Il a également lancé des projets d’infrastructures ambitieux, tels qu’un train express reliant Dakar à son nouvel aéroport international. Mais il a aussi été critiqué pour sa gestion de la pandémie de Covid-19, qui a plongé le pays dans une récession en 2020, et pour sa répression de l’opposition et des médias.
Quel avenir pour le Sénégal ?
Le renoncement de Sall à un troisième mandat ouvre la voie à une compétition politique inédite au Sénégal, où aucun président sortant n’a jamais renoncé volontairement au pouvoir. Le paysage politique est fragmenté et aucun candidat ne se dégage clairement pour succéder à Sall. Parmi les personnalités susceptibles de se présenter figurent l’ancien Premier ministre Idrissa Seck, arrivé deuxième en 2019 avec 20 % des voix, l’ancien maire de Dakar Khalifa Sall, gracié en 2019 après avoir été condamné pour détournement de fonds publics, et le chanteur Youssou N’Dour, qui avait soutenu Macky Sall en 2012.
Le Sénégal devra également faire face aux défis économiques et sociaux liés à la crise sanitaire, ainsi qu’aux enjeux sécuritaires dans une région marquée par le terrorisme et l’instabilité. Le pays devra également gérer les retombées de la découverte de gisements de gaz et de pétrole au large de ses côtes, qui devraient entrer en production d’ici 2023.