L’Ouganda a connu l’une des attaques les plus sanglantes de son histoire le vendredi 17 juin 2023, lorsque des militants liés au groupe État islamique (EI) ont massacré au moins 37 personnes et enlevé six autres dans une école de l’ouest du pays. L’armée a déclaré qu’elle poursuivait les assaillants des Forces démocratiques alliées (ADF), un groupe armé actif principalement dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), qui a revendiqué l’attaque au nom de l’EI.
Une nuit d’horreur
Selon les autorités, l’attaque a eu lieu vers 23 heures (20 heures GMT) dans le pensionnat secondaire de Lhubiriha, à Mpondwe, près de la frontière avec la RDC. Les assaillants ont pénétré dans les dortoirs, verrouillé les portes et mis le feu aux bâtiments, avant de s’attaquer aux élèves avec des machettes. Le ministre ougandais de l’Information, Chris Baryomunsi, a déclaré à la BBC que 37 élèves avaient été tués, dont 20 à la machette et 17 brûlés vifs. Il a ajouté que six autres élèves avaient été enlevés pour transporter la nourriture que les rebelles avaient volée dans les magasins de l’école. Huit personnes ont été blessées et se trouvent dans un état critique.
Voici une vidéo en anglais relatant cette nouvelle :
Les corps de certaines victimes étaient si gravement brûlés qu’ils devront être identifiés par des tests ADN. Sur les lieux de l’attaque, des soldats et des policiers lourdement armés montaient la garde, tandis qu’une foule nombreuse se rassemblait et que des survivants éplorés étaient réconfortés par leurs proches. Il s’agit de l’attaque la plus meurtrière en Ouganda depuis les attentats à la bombe de Kampala en 2010, qui avaient fait 76 morts et avaient été revendiqués par le groupe somalien Al-Shabaab.
Une traque difficile
Le porte-parole des Forces de défense du peuple ougandais (UPDF), Felix Kulayigye, a déclaré dans un communiqué que l’armée avait lancé une opération pour poursuivre les auteurs de l’attaque et secourir les élèves enlevés. Il a indiqué que les rebelles s’étaient dirigés vers le parc national des Virunga, une vaste étendue qui chevauche la frontière entre l’Ouganda, la RDC et le Rwanda. Le parc abrite des espèces rares, notamment des gorilles de montagne, mais il est également utilisé comme repaire par des milices, dont les ADF.
L’armée ougandaise a également déployé des hélicoptères pour aider à traquer le groupe rebelle sur un terrain montagneux. L’Ouganda et la RDC ont mené des opérations militaires conjointes dans l’est du Congo pour prévenir les attaques des ADF. Le général de division Dick Olum a déclaré à l’AFP que les services de renseignement avaient signalé la présence des ADF dans la zone frontalière du côté congolais au moins deux jours avant l’attaque de vendredi soir, et qu’une enquête serait nécessaire pour établir ce qui n’a pas fonctionné. Il a estimé que les assaillants disposaient d’informations détaillées sur l’école. « Ils savaient où se trouvaient les dortoirs des garçons et des filles », a-t-il dit depuis Mpondwe.
Un groupe insaisissable
Les ADF sont un groupe armé qui a été créé en Ouganda dans les années 1990 pour lutter contre le régime du président Yoweri Museveni. Il s’est ensuite installé dans l’est de la RDC, où il a mené des attaques contre les forces de sécurité et les civils, faisant des milliers de morts. Le groupe a été accusé de recourir à des tactiques brutales, notamment des décapitations, des mutilations et des viols. Il a également été impliqué dans le recrutement forcé d’enfants soldats et dans le trafic illégal de bois et d’or.
Bien que les ADF n’aient pas de lien direct avec l’EI, le groupe djihadiste a revendiqué plusieurs de ses attaques depuis 2019, affirmant qu’il s’agit de sa branche locale. Certains analystes estiment que les ADF cherchent à se donner une dimension internationale en s’associant à l’EI, tandis que d’autres soulignent que le groupe reste divisé et hétérogène, sans idéologie claire. Quoi qu’il en soit, les ADF représentent une menace sérieuse pour la stabilité de la région des Grands Lacs, où plusieurs pays sont confrontés à des défis sécuritaires et humanitaires.