Le Nigeria, le plus grand producteur de pétrole d’Afrique, est confronté à une crise sociale et économique après que le nouveau président Bola Tinubu a mis fin à la subvention au carburant, qui maintenait les prix bas pour les consommateurs. Les syndicats du travail ont annoncé une grève nationale à partir du mercredi 7 juin pour protester contre la hausse des prix du carburant, qui a triplé à environ 540 nairas (1,20 dollar) le litre dans les stations-service publiques. Ce sera le premier grand défi pour le gouvernement de Tinubu, qui a pris ses fonctions le 1er juin.
Pourquoi la subvention au carburant était-elle controversée ?
La subvention au carburant coûtait des milliards de dollars par an au gouvernement nigérian, mais était populaire auprès de la population, qui bénéficiait d’un carburant bon marché dans un pays où le taux de pauvreté est élevé. Selon le Bureau national des statistiques, 63 % des Nigérians sont pauvres, tandis que la Banque mondiale a déclaré dans un rapport l’année dernière que quatre Nigérians sur dix vivent en dessous du seuil de pauvreté national.
Voici une vidéo relatant cette nouvelle :
Le gouvernement a déclaré que la suppression de la subvention – qui a entraîné une augmentation des prix – permettrait d’alléger la crise du financement public. L’année dernière, le pays a dépensé plus de 96 % de ses revenus pour rembourser sa dette.
Quelle a été la réaction des syndicats ?
Le Congrès du travail nigérian (NLC) et le Congrès des syndicats (TUC), les deux principales fédérations syndicales du pays, ont décidé de lancer une grève nationale à partir du mercredi 7 juin pour exprimer leur mécontentement face aux plans initiaux du gouvernement de supprimer les subventions au carburant. Ils ont également exigé que la société pétrolière nationale NNPC revienne sur la hausse des prix et entame des négociations avec les représentants des travailleurs.
Le Congrès du travail nigérian et tous ses affiliés retireront leurs services et commenceront à manifester dans tout le pays jusqu’à ce que cela soit respecté, a déclaré Joe Ajaero, président du NLC. Il a ajouté qu’il était nécessaire que le gouvernement soit “dûment constitué” et que les personnes qui négocieront avec les syndicats aient “le mandat et la capacité de s’engager au nom du gouvernement du jour”.
Quelles sont les conséquences de la hausse des prix du carburant ?
La hausse des prix du carburant a entraîné une forte augmentation des tarifs de transport et a affecté les activités économiques dans le pays. La startup estonienne Bolt, qui propose des services de covoiturage et de livraison de nourriture, a déclaré qu’elle avait augmenté ses prix au Nigeria, invoquant l’augmentation des coûts d’exploitation due à la hausse des prix du carburant.
Les Nigérians doivent également faire face à une inflation supérieure à 20 %, qui érode leur pouvoir d’achat. Certains analystes estiment que la suppression de la subvention au carburant pourrait avoir un impact négatif sur la croissance économique et la stabilité sociale.
Quelle est la position du président Tinubu ?
Le président Tinubu, qui a été élu en avril avec une large majorité, a tenu sa promesse électorale et a annoncé la fin de la subvention au carburant dès son premier jour au pouvoir. Il a déclaré que la subvention au carburant est terminée” et qu’il s’agissait d’une décision nécessaire et courageuse pour réformer le secteur pétrolier et libérer des ressources pour le développement.
Il a également promis de revoir le salaire minimum de 30 000 nairas (65 dollars) et de renforcer la collecte des recettes. Tinubu, qui était dans l’opposition en 2012, faisait partie de ceux qui s’étaient opposés à la suppression des subventions à l’époque, lorsque le pays avait connu une vague de grèves. Il a appelé les Nigérians à soutenir son gouvernement et à faire preuve de patience face aux difficultés temporaires.