Le Sénégal, pays d’Afrique de l’Ouest réputé pour sa stabilité démocratique, traverse une période de turbulences politiques et sociales depuis plusieurs semaines. L’arrestation et le procès de l’opposant Ousmane Sonko, accusé de diffamation par le président Macky Sall, ont provoqué des manifestations violentes dans tout le pays, faisant plusieurs morts et des centaines de blessés. Dans ce contexte tendu, quelles sont les causes et les conséquences de cette crise ? Quelles sont les perspectives pour l’avenir du Sénégal ?
Ousmane Sonko, le leader de l’opposition qui défie Macky Sall
Ousmane Sonko est à la tête du parti Pastef (Patriotes du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité), créé en 2014. Ancien inspecteur des impôts, il se présente comme le porte-parole de la jeunesse sénégalaise, qui représente plus de 60 % de la population. Il dénonce la corruption, le népotisme et la mauvaise gestion du pouvoir en place, et propose un projet alternatif basé sur la souveraineté économique, la justice sociale et la réforme des institutions. Il se classe troisième à l’élection présidentielle de 2019, avec 15 % des voix, derrière Macky Sall (58 %) et Idrissa Seck (21 %).
Voici une vidéo relatant cette nouvelle :
Depuis lors, il est devenu la principale figure de l’opposition au président Sall, qui brigue un troisième mandat controversé en 2024. Il est accusé par le chef de l’Etat d’avoir diffamé l’armée sénégalaise en affirmant qu’elle était impliquée dans des trafics illicites en Casamance, région du sud du pays en proie à une rébellion indépendantiste depuis les années 1980. Il est arrêté le 16 mars 2023 et transféré au tribunal de Dakar sous forte escorte policière. Il affirme avoir été malmené par les forces de l’ordre et hospitalisé dans une clinique privée. Il appelle ses partisans à se mobiliser pour faire face au « coup d’Etat constitutionnel » de Macky Sall.
Des manifestations sans précédent dans tout le pays
L’arrestation et le procès d’Ousmane Sonko ont déclenché une vague de contestation populaire sans précédent dans l’histoire du Sénégal. Des milliers de manifestants sont descendus dans les rues de Dakar et d’autres villes du pays pour réclamer la libération du leader de l’opposition et le respect de l’Etat de droit. Les affrontements avec les forces de sécurité ont été violents : jets de pierres, barricades enflammées, tirs de gaz lacrymogènes et de balles réelles. Le bilan est lourd : au moins six morts, dont un adolescent de 17 ans, et plus de 500 blessés, selon Amnesty International.
Les manifestants ont également ciblé des symboles du pouvoir et des intérêts étrangers : des bâtiments publics, des stations-service, des supermarchés, des banques, des médias proches du régime ont été saccagés ou incendiés. Des personnalités politiques, religieuses ou culturelles ont apporté leur soutien au mouvement, comme le rappeur Akon ou le chanteur Youssou N’Dour. Des appels à la désobéissance civile ont été lancés sur les réseaux sociaux, sous les hashtags #FreeSenegal ou #MackyDegage.