Le secteur aurifère est l’une des principales ressources économiques de la Guinée et il peut devenir un levier de développement exceptionnel si ses retombées économiques sont à la hauteur des richesses extraites des sols. Des retombées rendues possibles par la lutte anticorruption et par les nombreuses oeuvres caritatives locales, comme la FOTIKAD.
Ce n’est un secret pour personne, la Guinée est l’un des pays africains aux sous-sols les plus prometteurs : la bauxite, bien évidemment, dont le tiers des réserves mondiales se situent dans le pays, mais aussi le fer, le pétrole, l’uranium, le manganèse, les diamants, et évidemment, l’or. Au total, l’exploitation minière représente environ 35% du PIB de la Guinée.
Cependant, depuis le changement de gouvernement de septembre 2021, les enjeux autour de la redistribution et le partage de la rente minière – véritable serpent de mer de la politique guinéenne – refont surface. L’arrivée au pouvoir de Mamadi Doumbouya s’est en effet effectuée dans un contexte d’accusations récurrentes de corruption du gouvernement d’Alpha Condé dans le secteur minier et le sujet est donc hautement politique.
Or, pour que les richesses extraites « ruissellent » jusqu’aux populations locales, il y a deux leviers : une lutte efficace contre la corruption – qui permet d’augmenter les revenus fiscaux des pouvoirs publics – et des politiques de « responsabilité sociale », incarnées dans la région par des oeuvres caritatives.
À ce titre, le secteur aurifère guinéen est particulièrement intéressant.
L’or guinéen aux Guinéens
En Guinée, le problème de la bauxite est identifié depuis longtemps : face à la puissance des groupes miniers asiatiques qui exportent la totalité du minerai vers la Chine, l’État guinéen peine à faire valoir ses droits. Plusieurs affaires de corruption ont éclaté ces dernières années et les nombreuses politiques d’éducation ou d’aménagement du territoire financées par des groupes chinois ne compensent probablement pas les pertes pour l’État et pour la société.
Les autres matières premières quant à elles (pétrole, diamants, manganèse…) sont certes importantes, mais insuffisamment présentes dans les sols pour représenter un véritable levier de transformation de l’économie guinéenne.
Le secteur de l’or – avec ses 700 tonnes de réserves selon la plupart des estimations – dispose de la « taille critique » pour potentiellement irriguer tout le tissu économique local. Mais à la différence de la bauxite, le secteur aurifère est en grande partie exploité par une myriade d’acteurs : deux gigantesques groupes miniers chinois dans l’exploitation de la bauxite, contre 300 entreprises dans l’or, très majoritairement guinéennes. Certes, celles-ci ont longtemps agi dans un cadre juridique flou, dans une ambiance de « ruée vers l’or » et de Far West. Mais ces petites et moyennes entreprises minières sont plus facilement encadrées par l’État et la corruption, quant à elle, est plus facile à combattre. La justice est en position de force, et c’est une très bonne nouvelle.
L’exemple de la « fondation Tidiane Koita pour l’aide et le développement »
Diversifié, le secteur aurifère n’en est pas moins organisé, principalement autour de « l’Union Nationale des Orpailleurs de Guinée ». Depuis plusieurs années, celle-ci s’est évertuée à fournir aux acteurs miniers un cadre juridique clair, notamment en établissant des cadastres et en développant l’ensemble des activités d’orpaillage sur place. Le Président de l’UNOG, le propriétaire de mines Tidiane Koita, se distingue justement depuis plusieurs années par les actions caritatives organisées par sa fondation « pour l’aide et le développement ».
Avec ses constructions de dispensaires et ses distributions de nourriture et de médicaments, la fondation de Tidiane Koita ne rend pas seulement service aux populations locales : elle participe à la construction d’une véritable image de « responsabilité sociale » de tout le secteur de l’or en Guinée. Une image qui manque cruellement aux autres secteurs miniers.
L’État guinéen a donc « de l’or entre les mains » : un secteur aurifère populaire, structuré, qui n’est pas trusté par de grands groupes étrangers et qui s’implique déjà dans des œuvres sociales. Désormais, c’est à la puissance publique de fournir un cadre juridique et politique stable aux orpailleurs pour que ceux-ci puissent faire « ruisseler » leur croissance sur l’ensemble de l’économie nationale.