L’entreprise suisse spécialiste en solutions d’authentification s’appuie sur un réseau influent d’anciens ministres et responsables politiques pour vendre ses services aux gouvernements. Mais les plaintes et l’enquête dont l’entreprise fait l’objet par le Ministère Public de la Confédération helvétique risquent de ne pas jouer en sa faveur.
Selon le Financial Afrik, la société suisse SICPA poursuivrait son expansion sur le marché africain, et serait actuellement en négociation avec le gouvernement ivoirien pour obtenir le marché de gré à gré. Irrité par le manque à gagner considérable que représentent les produits illicites transitant par ses frontières, le gouvernement ivoirien chercherait une solution de codification et traçabilité, notamment des produits soumis à accise qui lui permette de remplir ses obligations vis-à-vis de l’OMS. Un nombre croissant de pays dans le monde, soucieux de lutter efficacement contre ces problématiques complexes, tout en satisfaisant aux enjeux de digitalisation des finances publiques, adoptent les technologies digitales modernes de marquage, de traçabilité et d’interopérabilité. Des enjeux que le président ivoirien Alassane Ouattara a placé au cœur de son action gouvernementale par Vision de la Stratégie Côte d’Ivoire 2030, dont le démarrage avait été salué par le Premier ministre Patrick Archi au mois de juin de l’année dernière.
Afin de faciliter son développement sur le continent africain, SICPA a recours à des lobbyistes de renom. D’après Financial Afrik, Dominique Strauss-Kahn aurait ainsi facilité le rapprochement de SICPA avec les autorités togolaises et œuvrerait à renforcer la position de l’entreprise suisse au Maroc. SICPA compte aussi dans son rang l’ancien ministre de Nicolas Sarkozy Éric Besson, où il travaille sur la zone Afrique. Il est en cela aidé par l’ancien ambassadeur de France en Côte d’Ivoire, Gilles Huberson. Un réseau d’influence sur lequel SICPA peut capitaliser en Côte d’Ivoire. Les chances de la société d’emporter la confiance du gouvernement ivoirien risquent toutefois d’être entachées par un certain nombre d’affaires dont est accusée la société. En effet, depuis 2015, le Ministère Public de la Confédération (MPC) mène une enquête sur SICPA et son directeur général pour des accusations de corruption d’« agents publics étrangers » en Amérique latine.
Banchi Don-Mello Rose, Secrétaire Exécutif de l’Union des Grandes Entreprises Industrielles de Côte d’Ivoire ou UGECI, soutient de son côté que la Côte d’Ivoire et ses acteurs économiques « ne soutiennent aucune solution particulière », mais souhaitent seulement que l’Etat ivoirien choisisse « une solution efficace et opérationnelle contre le commerce illicite ». Cette solution devra être « la moins chère possible afin de rester compétitifs en particulier en cette période de lutte contre la vie chère où les entreprises font face à une forte inflation de leurs couts de production », et que les industriels « comptent sur l’Etat pour jouer pleinement son rôle de garant des industries nationales ».