Le Festival de Cannes de juillet, qui revenait sur la Croisette après une année dominée par la pandémie en cours, s’annonçait exceptionnel puisqu’il avait deux ans pour choisir sa sélection. Cependant, de toute évidence, ce n’était pas le cas, malgré la qualité et l’originalité de certaines des œuvres présentées.
Cela comprenait les films en compétition pour la Palme d’Or, qui sans surprise sont allés à un film réalisé par une femme, mais aussi de manière assez choquante à un film trash et, certains diront même, gore, le très beau et dérangeant Titanium du jeune La Française Julia Ducournau.
Ce qui était vrai en général l’était aussi pour l’Afrique et donc les gens attendaient, vu la quantité et la qualité des œuvres sélectionnées ainsi que la présence du Sénégalais Mati Diop dans le jury, un festival 2021 exceptionnel pour l’Afrique. Encore une fois, les gens ont été quelque peu déçus.
Deux films africains en compétition
À l’annonce de la sélection officielle du festival début juin, nombreux étaient ceux qui se réjouissaient de voir que deux films africains étaient en compétition pour la Palme d’Or, une première depuis de nombreuses années. Ces films étaient Lingui-Les Liens sacrés du Tchad Mahamat-Saleh Haroun et Haut et Fort, Casablanca Beats du Marocain Nabil Ayouch.
Voici les films africains au festival :
Bien que ces deux cinéastes de renom aient reçu des ovations du public dans l’immense salle Lumière après la projection de leurs œuvres, Haroun ayant même reçu une accolade inattendue du président du jury Spike Lee, ils ont quitté le festival les mains vides. Non pas qu’ils ne méritaient pas de gagner, car les films ont reçu de nombreuses critiques favorables de la part des médias internationaux présents à Cannes. Cependant, les jurés ont fini par être séduits par des œuvres plus abouties, plus fortes et originales.
Un lot de consolation pour Nabil Ayouch ?
Toujours est-il que sur l’ensemble des films sélectionnés, seuls six films africains, pourtant un record, ont été projetés sur la Croisette. Deux d’entre eux ont remporté des prix, certes moins prestigieux que ceux décernés par le jury officiel, mais néanmoins convoités.
L’Egyptien Omar El Zohairy, petit barbu un peu timide à l’approche, a réussi un coup de maître avec son premier film, Plumes. Ce film raconte ce qui arrive à une famille déshéritée vivant dans une banlieue sombre du Caire lorsqu’un magicien transforme le chef de famille quelque peu tyrannique en poulet.
Avec cette histoire très originale, qui est souvent drôle et même un peu déroutante, malgré son propos dramatique, Zohairy a conquis la Croisette et est reparti avec à la fois le Grand Prix de la Semaine de la Critique et le très exigeant premier prix du jury de la presse internationale.
Attirer l’attention
Il y a aussi les films à succès réalisés par des membres de la diaspora africaine (par exemple, la superbe Freda de Gessica Généus, qui célèbre le courage des femmes d’Haïti, et le très énergique Bonne Mère de Hafsia Herzi sur une « mère courageuse » de Marseille).
En tout cas, force est de constater que l’Afrique était très bien représentée à cette édition très spéciale du plus grand festival de cinéma au monde. C’est d’autant plus prometteur qu’une bonne partie des œuvres évoquées ont été tournées par de jeunes cinéastes et étaient leurs premiers longs métrages, ce qui signifie qu’elles devraient continuer à impressionner.