Contrairement à ce que les chefs d’État ouest-africains d’Ecowas avaient décidé après le coup d’État du 18 août 2020 contre Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), ils n’ont pas voulu recourir cette fois à des sanctions économiques contre le Mali. Du moins pas pour le moment. Le 28 mai, la Cour constitutionnelle du Mali a déclaré le colonel Assimi Goïta président du gouvernement de transition, prenant ainsi note de la nouvelle situation à Bamako et achevant le putsch entamé le 24 mai par le chef de la junte qui avait contraint IBK à démissionner.
Un sommet a ensuite eu lieu à Accra, au Ghana, le 30 mai 2021, auquel ont participé le président ivoirien Alassane Ouattara, le président nigérian Muhammadu Buhari et le président burkinabé Roch Marc Christian Kaboré. Goïta a également été invitée à ce sommet mais n’a pas participé aux discussions à huis clos.
Ecowas prend note
L’Ecowas, condamnant les actions au Mali, a ainsi décidé de retirer le pays de leur organisation. L’organisation régionale appelle également à la nomination immédiate d’un nouveau Premier ministre civil et à la formation d’un nouveau gouvernement inclusif pour mettre en œuvre le programme du gouvernement de transition. Il a également déclaré que la période de transition de 18 mois devait être respectée et que des élections devaient avoir lieu au plus tard le 27 février 2022 afin que le pouvoir puisse être remis aux civils.
Voici une vidéo montrant l’annonce de l’Ecowas en anglais :
Ecowas a également réaffirmé que les personnalités qui avaient exercé les fonctions de vice-président et de premier ministre du gouvernement de transition ne peuvent, en aucun cas, se présenter comme candidats à la prochaine élection présidentielle. Si les conditions peuvent sembler fermes, Ecowas a clairement décidé de prendre en compte l’état des choses du pays. Les chefs d’État ouest-africains n’ont à aucun moment mentionné Goïta par son nom dans leur déclaration conjointe finale. En appelant à la nomination d’un nouveau Premier ministre et d’un nouveau gouvernement, ils reconnaissent le rôle de l’armée en tant que chef du gouvernement de transition.
L’avertissement de Macron
Les débats ont été intenses au sein d’Ecowas. Ouattara, particulièrement impliqué dans le dossier, était favorable à l’adoption d’une ligne dure contre Goïta. Mais l’attitude de l’ancien président de transition du Mali, Bah N’Daw, a déplu à plusieurs chefs d’État ouest-africains, qui lui reprochent d’avoir insisté pour retirer du gouvernement deux membres de l’ancienne junte : les colonels Sadio Camara (défense) et Modibo Koné (sécurité). Il l’a fait malgré l’opposition de Goïta et les tentatives de médiation menées notamment par le président togolais Faure Gnassingbé.
De son côté, le président Emmanuel Macron a averti que la France pourrait retirer ses forces militaires, qui combattaient des groupes djihadistes dans le pays, dans une interview au Journal du Dimanche le 30 mai. Macron a indiqué qu’il avait déjà affirmé à ses homologues ouest-africains que la France ne travaillerait pas avec un pays sans légitimité démocratique.