Le Mali est connu comme l’un des plus grands producteurs d’or en Afrique. Mais, la population se plaint depuis toujours de ne pas ressentir les bénéfices de son exploitation dans leurs assiettes. Aujourd’hui, le monde entier parle également de son hydrogène naturel, pur à 98%. Y’a-t-il des raisons d’espérer que cette ressource porte ses fruits ?
Début juin 2021, Aliou Boubacar Diallo était présent parmi les 700 participants du premier sommet dédié à l’hydrogène naturel, leH-NAT 2021. En tant que pionner de l’exploitation de cette ressource totalement vertueuse, l’entrepreneur malien a été invité à s’exprimer lors de la keynote d’ouverture. Au cours de son intervention, il s’est voulu le porte-voix d’une révolution énergétique contrarié par les politiques et les lobbys des énergies fossiles. Il a donc appelé l’ensemble des acteurs de ce secteur à fournir plus d’« efforts pour se faire connaître des décideurs mondiaux » et « apporter plus de visibilité à l’hydrogène naturel ».
La présence d’Aliou Boubacar Diallo parmi les sommitésmondiales de l’hydrogène natif est une fierté pour le peuple malien. Elle témoigne de la vision inébranlable d’un fils du pays, qui a crû en ce gaz très tôt, alors que la communauté scientifique et l’industrie ne lui trouvaient aucun intérêt. Dix ans plus tard, tout le monde lui donne raison : l’hydrogène naturel se présente aujourd’hui comme le carburant du futur. Cela a été démontré dans le village de Bourakébougou, où le groupe d’Aliou Diallo, Hydroma, exploite cette ressource depuis 2012. Grâce à une unité pilote, il la transforme en électricité verte, qu’il distribue gratuitement à tous les habitants.
Un hydrogène pur à 98%
Cette prouesse technologique unique au monde place le Mali au rang de futures puissances énergétiques. Cependant, que gagnent concrètement les Maliens ? Ils ont l’or depuis des décennies, mais celui-ci ne leur profite toujours pas. Misère et chômage ont fini de pousser les jeunes vers l’immigration clandestine et le terrorisme. Dans ce contexte, quelle garantie ont-ils pour l’hydrogène naturel ?
Pour comprendre cette attente, rappelons que l’hydrogène malien est pur à 98%, le meilleur taux au monde. Cette pureté signifie que son exploitation ne devrait pas poser de gros problèmes (technologies et financiers). De plus, il existerait de grands gisements d’hydrogène naturel au Mali (comme généralement en Afrique de l’Ouest). Rien que dans la zone de Bourakébougou, il y aurait 700 milliards de mètre cube dece gaz, d’après un rapport de qualification d’Hydroma publié en juillet 2019. Le défi serait maintenant de savoir exploiter ce potentiel afin qu’il profite véritablement à la population malienne.
Contrer le lobby néfaste des énergies fossiles
Aliou Boubacar Diallo pense qu’il faudra d’abord sécuriser le nord du Mali car le pays ne peut pas jouir de l’hydrogène naturel dans une instabilité chronique. Le leader du parti ADP-Maliba, par ailleurs candidat à la prochaine élection présidentielle, exhorte ainsi l’ensemble des acteurs politiques à faire passer l’intérêt du Mali, avant leurs ambitions personnelles. Un autre défi, peut-être le plus gros, serait d’annihiler le lobby néfaste des acteurs des énergies fossiles. « Aujourd’hui les compagnies pétrolières fabriquent de l’hydrogène avec du méthane. Elles n’ont donc pas intérêt qu’il y ait une autre source d’hydrogène complètement indépendante de leur business de carbone. Et il faudrait qu’on fasse très attention à cela car il ne faudrait pas qu’elles viennent mettre le pied sur l’hydrogène malien pour l’empêcher de produire », a récemment averti Aliou Diallo.
Cependant, l’homme d’affaires reste serein car il se trouverait du bon côté de l’histoire. Comme de nombreux géologues, il est convaincu que les réserves d’énergies fossiles s’épuiseront dans moins d’un siècle. Aussi, les citoyens de la planète réclameront de plus en plus les énergies vertes pour enrayer le cycle infernal du réchauffement climatique. « Si elles ne veulent pas disparaître, elles devront s’adapter. C’est pourquoi il y a de grandes compagnies pétrolières qui commencent à investir dans l’hydrogène vert, mais manufacturé », a ajouté le milliardaire malien.
Ce que gagnera le Mali
Si tous ces obstacles sont levés, le Mali pourrait inscrire son nom dans l’Histoire, selon Aliou Diallo. « On peut être la première économie décarbonée du continent africain, le premier pays à faire rouler les trains à hydrogène, le premier pays avec des voitures à hydrogène et le premier à produire de l’électricité avec de l’hydrogène », a-t-il énuméré. Le train à hydrogène devrait relier la capitale Bamako à capitale, ville natale d’Aliou Diallo. L’entrepreneur a déjà exposé le projet au gouvernement malien, qui dit en avoir pris note et évalué les retombées économiques pour le pays. De son côté, le PDG d’Hydroma est prêt à financer davantage sa révolution énergétique. Il aurait déjà investi plus de 30 milliards de francs CFA à Bourakébougou.