Elle habite maintenant chez des parents à Chipinge, à 400 km de Harare. Mais elle ne peut pas recevoir de traitement car les deux hôpitaux publics qui proposent des traitements de chimiothérapie et de radiothérapie au Zimbabwe, l’hôpital général de Parirenyatwa à Harare et l’hôpital central Mpilo à Bulawayo, ont été contraints de fermer ces services en janvier lorsque les hôpitaux ont été submergés de patients COVID.
Gladys, qui n’avait pas consulté un médecin pour sa blessure à la joue avant que les hôpitaux ne ferment leurs unités de cancérologie, a reçu le soutien de Noble Hands Zimbabwe, une organisation caritative qui aide les personnes atteintes d’albinisme, après avoir entendu parler de son sort sur les réseaux sociaux. La fermeture de ces unités hospitalières en raison de la pandémie est un coup dur pour les personnes atteintes de cancer dans tout le pays.
Une maladie mortelle dans le pays
Chaque année au Zimbabwe, 5 000 nouveaux cas de cancer sont diagnostiqués et plus de 1 500 décès sont enregistrés. Le cancer est sur le point de dépasser le VIH et le sida en tant que principale cause de décès au Zimbabwe. La maladie est souvent diagnostiquée tardivement et avec très peu d’oncologues dans les hôpitaux publics, la plupart des patients atteints de cancer perdent la vie prématurément, a révélé un rapport de 2019 déposé par la commission du cancer du parlement du Zimbabwe.
Voici une vidéo en anglais parlant de cette situation dans le pays :
Les ressources pour les patients atteints de cancer étaient déjà minces avant la pandémie, avec moins de 300 radiographes enregistrés pour exercer au Zimbabwe en 2019. L’hôpital de Parirenyatwa a accueilli 7 000 patients atteints de cancer en 2018 et 2 000 sont décédés. Ce sont toutes des personnes qui ne pourraient pas du tout recevoir de traitement pendant la pandémie de COVID-19. Une étude réalisée en 2020 par l’Organisation mondiale de la santé a révélé que le Zimbabwe avait enregistré 32,1 % de décès prématurés par cancer en 2016, contre 23,3 % en Afrique du Sud. On s’attend à ce que ce taux de mortalité augmente.
Tourisme médical, une industrie en plein essor
Avant sa mort, l’ancien président Robert Mugabe se rendait régulièrement à l’étranger pour des soins médicaux. Lorsqu’il est décédé d’un cancer en 2019, c’était à l’hôpital Gleneagles de Singapour. L’hôpital singapourien de 258 lits possède une gamme de spécialités médicales et chirurgicales et a été accrédité par la Joint Commission International (JCI), qui mesure les meilleures pratiques en matière de qualité et de sécurité des patients, une chimère pour la plupart des patients zimbabwéens.
On estime que 20 000 citoyens zimbabwéens ont dépensé 4 milliards de dollars en tourisme médical au cours de la dernière décennie, principalement en Inde. Cela équivaut à 400 millions de dollars par an, soit 20 000 dollars par personne. Le ministre de la Santé, Constantino Chiwenga, a répondu en promettant d’interdire le tourisme de santé, affirmant qu’il saignait les réserves de change, et à la place d’améliorer les établissements de santé au Zimbabwe.