En ce jour, il y a 49 ans, les régions anglophones et francophones du Cameroun ont été réunies sous une république par un référendum réussi. En 1972, le système fédéral est aboli au Cameroun à la suite d’un référendum organisé par Amadou Ahidjo, le premier chef d’État camerounais.
La nation centrafricaine a depuis été semée d’embûches. La marche vers la réunification a été une odyssée qui n’a pas été sans risques. C’était un chemin semé d’épreuves, de négociations délicates pour notre jeune diplomatie, et parfois d’opposition interne qu’il fallait prendre en compte, a déclaré Paul Biya, président du Cameroun, dans son discours commémoratif en 2014. Il est de coutume pour lui de prononcer un discours à l’occasion de la Journée de l’Unité célébrée chaque année le 20 mai.
Un jour remis en cause
Les festivités de l’année dernière ont été tempérées par la pandémie et les mesures visant à endiguer la propagation du coronavirus. L’utilité du jour est remise en question depuis le 11 octobre 2016 lorsqu’une grève des avocats a conduit à la crise anglophone. Ils réclamaient l’application de la common law. Il s’agit d’un système juridique anglo-saxon qui est axé sur la jurisprudence, et pas seulement des codes napoléoniens ou le droit romain. Ils ont également exigé la réécriture des lois en anglais.
Voici une vidéo parlant de ce conflit :
Les affrontements qui ont suivi la grève ont paralysé les régions anglophones du pays, faisant au moins 3 000 morts et 700 000 personnes déplacées, selon des sources concordantes. Les dirigeants de la population anglophone appellent au séparatisme et au fédéralisme en raison de la marginalisation dont ils disent souffrir.
Frustrations passées
Plusieurs sources historiques rapportent que le sentiment de marginalisation plane sur plus de 20 % de la population camerounaise qui est basée dans les régions du sud-ouest et du nord-ouest.
A l’origine au carrefour des empires britannique et français en Afrique, la réunification camerounaise est à la fois un idéal culturel et une stratégie politique, un pilier et une contrainte de la construction de la nation post-coloniale. Cependant, cette réunification a masqué de grandes marginalisations politiques et culturelles. L’historien, Enoh Menyomesse, a déclaré que la réunification avait également causé d’énormes problèmes d’harmonisation au sein de l’administration.
L’historien camerounais Emmanuel Tchumtchouaal considère également la réunification comme une tromperie politique lorsqu’il a raconté les origines coloniales de la crise anglophone. Il a expliqué qu’en 1972, lorsque du pétrole a été découvert à Limbé dans la zone anglophone, les Français ont demandé à Ahidjo de fusionner les deux États afin qu’ils puissent contrôler le pétrole. Le conflit actuel oppose deux cultures politiques, une culture française dictatoriale et une culture anglaise plus libre. Ces deux paradigmes antipodaux font qu’il est difficile pour les anglophones et les francophones d’être sur la même longueur d’onde, a déclaré l’historien lors d’une entrevue l’année dernière. Aujourd’hui, la promotion du bilinguisme est quelque chose que les autorités camerounaises utilisent dans la recherche d’une voie à suivre.
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