Hydrogène : le Mali dans la course comme l’Allemagne et la France

Après avoir dégainé chacun des plans hydrogène vert l’année dernière, la France et l’Allemagne appellent à plus de collaboration européenne sur cette technologie innovante. Ces deux pays souhaitent faire équipe, en attendant que d’autres puissances les rejoignent. 

Passer enfin les commutateurs sur « on ».

Lors de la première réunion du Conseil national de l’hydrogène en février, le ministre de l’Economie Bruno Le Maire a affirmé que « L’hydrogène est un grand rêve industriel » et que « la France a besoin de rêve industriel ». Une déclaration en phase avec les ambitions de l’Hexagone dans cette filière. En septembre 2020, Paris a annoncé un plan à 7 milliards d’euros pour la démocratisation de l’hydrogène naturel. Trois mois plus tôt, l’Allemagne avait promis 9 milliards d’euros pour devenir le numéro de cette nouvelle ressource. Le 16 février dernier, les deux locomotives de l’Union européenne ont organisé une session de travail pour discuter des projets importants d’intérêt européen commun (PIIEC).

Selon Peter Altmaier, ministre de l’Économie et de l’Énergie du gouvernement fédéral allemand, « le moment est venu de passer tous les commutateurs de la politique industrielle sur ‘on’ ». La France et l’Allemagne souhaitent former un duo pour prendre la tête de la transition écologique en attendant un engagement plus franc des autres grandes puissances. Parmi elles, les Etats Unis et la Chine.

L’hydrogène naturel, mieux que le vert

Mais, les deux locomotives de l’Union européenne pourraient plutôt trouver des partenaires inattendus. En Afrique, par exemple, l’hydrogène gagne des galons depuis quelques années grâce à d’ambitieux entrepreneurs. Aliou Diallo, président-fondateur d’Hydroma, fait partie de ceux-là. Le promoteur malien a misé sur l’hydrogène naturel depuis 2010. Cette ressource naturelle est connue pour être totalement vertueuse car abondante, renouvelable, propre (sans émission de C02) et moins chère. Contrairement à l’hydrogène vert, qui utilise encore beaucoup d’électricité et de grandes quantités d’eau pour son électrolyse. 

Depuis 2012, Hydroma transforme l’hydrogène naturel en électricité verte près du village de Bourakébougou, au Mali. Après huit ans de test, la compagnie a récemment lancé une production à grande échelle. À terme, elle compte exporter sa production dans toute l’Afrique et en Europe. « Nous avons programmé de faire un pipeline pour transporter l’hydrogène naturel du Mali au Sénégal, à la Mauritanie, au Maroc, jusqu’à la porte de l’Europe. Donc ça fait 4700 kilomètres. Ce n’est pas un rêve, c’est une réalisation tout à fait faisable », a indiqué Aliou Diallo, en octobre 2020, lors d’un entretien sur la chaîne Africable Télévision.

Un hydrogène à moindre coût pour l’Europe

Le milliardaire malien a précisé que l’Europe est aussi en train de construire 23.000 kilomètres de pipeline pour le transport de l’hydrogène. Mais, les industriels impliqués dans ce projet comptent transporter un kilo d’hydrogène sur 2500 kilomètres, environ 0,20 cent le kilo. « Nous avec moins de 5000 kilomètres de pipeline, nous pouvons transporter de l’hydrogène à moins de 0,50 cent le kilo. Ce qui peut nous permettre d’envoyer notre hydrogène sur le marché européen, tout en restant compétitif par rapport à l’hydrogène gris sur le marché européen aujourd’hui », promet le PDG d’Hydroma. En Europe, un collectif de 30 industriels nouvellement constitué et baptisé Hydeal Ambition voudrait produire de l’hydrogène vert au même coût que l’hydrogène gris, soit 1,5 euro le kilo, pour le rendre compétitif avec les énergies fossiles.

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