Dix ans après le printemps arabe, les habitants de la péninsule agitée sont pris entre les menaces de militants islamistes et l’oppression de l’armée égyptienne et de ses milices affiliées.
Il y a dix ans dans le nord du Sinaï, à la suite de l’éviction du président de l’époque Hosni Moubarak, Achraf, alors un enfant de 15 ans, accompagnait sa mère pour organiser une manifestation devant l’un des commissariats de police incendiés de la ville dans le Sheikh District de Zuwied.
Les manifestants ont exigé la libération du père d’Achraf, qui avait été arrêté dans le cadre des attentats de 2005 qui visaient le sud du Sinaï. Alors que tout le pays célébrait la liberté et la démocratie après le départ de Moubarak, les gens ont commencé tout juste à réclamer le plus élémentaire de leurs droits.
Marginalisation économique et sociale
Des milliers d’autres résidents du nord du Sinaï ont pendant longtemps été soumis à la marginalisation économique et sociale en plus de la violence radicale parrainée par l’État comme des disparitions forcées, des arrestations illégales et des exécutions extrajudiciaires.
En raison du manque d’accès aux médias et à la société civile et en raison de sa proximité physique avec la bande de Gaza agitée et la frontière israélienne, le nord du Sinaï a été un gouvernorat militarisé où l’armée joue un rôle important dans la vie quotidienne.
Voici une vidéo montrant la situation dans cette région :
Cette marginalisation et cette violence ont cependant augmenté après 2011, le gouvernorat devenant le foyer de l’une des organisations militantes les plus résilientes du pays, Ansar Bayt Al-Maqdis. Il a prêté allégeance à l’État islamique (EI) en 2014. Il s’est maintenant rebaptisé Province du Sinaï.
En ce sens, Achraf et des milliers d’autres résidents continuent de se retrouver pris dans la ligne de mire de l’État militarisé et des militants islamistes radicaux. Fin 2012, à la suite de négociations secrètes entre les Frères musulmans et des responsables militaires, le père d’Achraf et d’autres islamistes ont été libérés, dit Achraf. Après sa libération, la famille d’Achraf est retournée sur ses terres à Rafah et s’y est installée en tant que fermière.
Terrain sur compensation
Malgré les difficultés au fil des décennies, les habitants du Sinaï sont des gens fiers. Les valeurs tribales et bédouines les empêchent d’accepter une compensation.
Alors que la famille d’Achraf résidait à Suez pour travailler comme ouvriers, la ville la plus proche du nord du Sinaï et avec de meilleures opportunités d’emploi et de meilleures infrastructures, la famille de Swuilem a été confrontée à des conditions extrêmes.
Depuis leur arrivée au pouvoir en 2014, le président Sissi et son gouvernement ont intensifié leur répression contre les civils, les journalistes, les travailleurs de la société civile et les militants. Cela a ajouté à une situation déjà tendue sur le terrain dans le nord du Sinaï. Au fil des ans, l’armée et la police ont annoncé des milliers de morts dans des opérations de sécurité dans le nord du Sinaï et n’ont jamais révélé leur identité.
“Crédit photo www.lejdd.fr”