Pendant des années avant son renversement en 1991, l’armée nationale a été enfermée dans une guerre prolongée contre les mouvements rebelles dans le nord. Il était courant à l’époque d’entendre les médias d’État rapporter la capture ou la reprise de villes aux mains des forces rebelles. Le défilé des prisonniers de guerre faisait la une des journaux quotidiens.
Cependant, vous entendriez une histoire complètement différente si vous aviez le courage de vous connecter aux émissions rebelles, qui étaient interdites, ou à la radio étrangère. Trente ans plus tard, les Éthiopiens ont été confrontés à un autre épisode de conflit armé interne dans le nord et se sont retrouvés à nouveau collés à la radio et à la télévision pour ne pas manquer les informations sur l’avancée et le retrait des forces armées.
Élections et coronavirus
Le 31 mars, le Conseil électoral national éthiopien a annoncé qu’en raison de la pandémie de COVID-19, les élections nationales ne se tiendraient pas comme prévu. La décision a donné lieu à une énigme constitutionnelle. La Constitution, semble-t-il, n’a pas de réponse définitive concernant le sort d’un titulaire dont le mandat prend fin avant la tenue d’une élection dans le pays.
Voici une vidéo en anglais relatant ces faits :
Par conséquent, le parlement national a demandé l’avis de la Chambre de la fédération. Cette deuxième chambre du parlement fédéral éthiopien s’est prononcée en faveur de la prolongation du mandat de l’administration en place jusqu’aux prochaines élections.
Mais tout le monde n’a pas appuyé la décision du gouvernement de demander conseil à la Chambre de la fédération. Ni avec la décision rendue par la Chambre. Le gouvernement de l’État de Tigray et un certain nombre d’autres partis d’opposition ont considéré cette décision comme un contrôle illégitime du pouvoir. Ils ont appelé à un dialogue national qui devrait conduire à la mise en place d’un gouvernement de transition.
Intervention fédérale
La Constitution permet au gouvernement fédéral d’intervenir dans les gouvernements des États. Cela va de la décision de donner des directives sur des questions qui sont normalement laissées au gouvernement de l’État à la révocation d’un gouvernement d’État et à la prise de ses responsabilités.
Bien qu’une option constitutionnellement valide, et plus tentante une fois que Tigray a attaqué le Commandement du Nord, c’était une décision politiquement imprudente qui est lourde de conséquences désastreuses. Une intervention fédérale en Éthiopie n’est pas ce que nous voyons dans d’autres pays fédéraux, étant donné que certains gouvernements des États commandent une force lourdement armée sous la forme d’une force de police spéciale.
L’État du Tigray compterait 250 000 miliciens et forces spéciales bien armés. Une intervention fédérale qui intervient dans ce contexte devient inévitablement un conflit armé, sinon une guerre civile. C’est pourquoi l’affirmation de l’administration actuelle selon laquelle elle poursuit une opération d’application de la loi tombe à plat face aux informations faisant état de missiles de roquettes et de bombardements aériens qui dominent l’actualité du conflit. Les actions et réactions des deux gouvernements révèlent les limites de la loi et de la violence pour apaiser les tensions intergouvernementales.