Depuis 2012, Hydroma Inc. transforme avec succès l’hydrogène naturel en électricité décarbonée pour le village de Bourakébougou, au Mali. La société passe maintenant à une production industrielle, en même temps qu’elle s’investit dans l’hydrogène vert au-delà des frontières maliennes. Le PDG et fondateur du groupe, Aliou Diallo, était dimanche l’invité d’Africable Télévision pour expliquer sa vision énergétique pour le continent.
Créée par le milliardaire malien Aliou Diallo dans les années 2000, Hydroma est une entreprise malienne spécialisée dans la recherche, le développement et l’exploitation de l’hydrogène naturel et des hydrocarbures liquides et gazeux. Depuis 2012, elle transforme l’hydrogène naturel en électricité propre, grâce à une unité pilote installée près du village de Bourakébougou, dans le cercle de Kati (Mali). En juin 2019, la compagnie a décidé de passer à une production à grande échelle de l’électricité décarbonée.
De l’hydrogène vert dans dix pays africains
Alors que cette production industrielle rentre dans sa phase effective, Hydroma Inc. se lance dans l’hydrogène vert. Ce qui fait de cette société, la seule au monde à exploiter à la fois l’hydrogène vert et l’hydrogène naturel. « Pour l’hydrogène vert nous sommes présents dans une dizaine de pays et pour l’hydrogène naturel dans trois pays (Mali, Canada et Australie) », précise son fondateur Aliou Diallo, dans une interview sur Africable Télévision. Parmi les dix pays, on compte le Tchad, le Niger, le Nigeria, la Mauritanie, la Guinée Bissau, le Maroc, le Sénégal et le Mali. Dans ces deux derniers, la compagnie a commencé la construction de vastes champs de panneaux photovoltaïques dans le désert.
Un pipeline pour transporter l’hydrogène naturel jusqu’en Europe
Parallèlement, Hydroma a débuté des prospections au Canada et en Australie, où des études scientifiques ont démontré l’existence d’immenses réservoirs d’hydrogène naturel. En outre, l’entreprise réfléchit sur un moyen fiable de transporter et distribuer sa production d’hydrogène naturel en Afrique et en Europe. « Nous avons programmé de faire un pipeline pour transporter l’hydrogène naturel du Mali au Sénégal, à la Mauritanie, au Maroc, jusqu’à la porte de l’Europe. Donc ça fait 4700 kilomètres. Ce n’est pas un rêve, c’est une réalisation tout à fait faisable », dévoile Aliou Diallo, indique que l’Europe construit actuellement 23000 kilomètres de pipeline pour le transport de l’hydrogène dans ses différents Etats.
« Là ils vont transporter un kilo d’hydrogène sur 25000 kilomètres, environ 0,20 cent le kilo. Nous, avec moins de 5000 kilomètres de pipeline, nous pouvons transporter de l’hydrogène à moins de 0,50 cent de l’Euro. Ce qui peut nous permettre d’envoyer notre hydrogène sur le marché européen, tout en restant compétitif par rapport à l’hydrogène gris », fait valoir le promoteur malien.
Aliou Diallo reçu par les autorités allemandes
Par ailleurs, Hydroma compte transporter son hydrogène naturel en le transformant par exemple en ammoniac ou en le liquéfiant. « La semaine dernière j’étais en Allemagne et j’ai visité une société en Bavière qui est spécialisée dans le transport de l’hydrogène avec des iso-conteneurs, où on mélange l’hydrogène au toluène. Ce qui le rend inflammable. Cela peut être une solution énergétique mixte pour exporter l’hydrogène et électrifier presque toute l’Afrique et donner de l’électricité aux 621 millions d’Africains qui n’en ont pas », ajoute Aliou Diallo.
A en croire le dirigeant, il sera facile pour Hydroma d’exporter son excès de production en Europe. L’entreprise y a une bonne image, grâce à ses travaux de qualité sur l’hydrogène naturel. D’ailleurs, Aliou Diallo dit avoir eu récemment des réunions avec de hauts responsables des ministères allemands, dont celui qui chapeaute le programme de l’hydrogène naturel (appelé hydrogène blanc dans ce pays).