L’Afrique cherche à atteindre les sommets de la digitalisation. Pour y arriver, elle doit d’abord faire le dur labeur de la réforme des marchés des télécommunications et de l’ouverture à la concurrence. Dans un établissement de traitement du coronavirus au Rwanda, Ngabo et Akazuba, on découvre de nombreux déplacements dans les couleurs. Le personnel se relaie les messages du médecin et livre des échantillons de sang.
Les agents de santé ne courent aucun risque d’infection. Ce sont des robots. Pendant ce temps, Babyl, un chatbot, trie les premiers problèmes médicaux. Il planifie également les rendez-vous chez le médecin pour 30 % de la population. Au Rwanda, les technologies numériques sont devenues des sauveurs de vies.
Un potentiel énorme
Ces exemples inspirants, que l’on trouve dans de nombreux secteurs et pays africains, offrent un aperçu du potentiel de développement de la digitalisation. Un avenir radieux attend lorsque les modèles commerciaux numériques dynamiques imprègnent toutes les économies. Cela peut créer de nouveaux marchés de consommation.
L’atout principal de passer le chemin de la numérisation peut inciter à croire un futur plus digital. La numérisation reste cependant limitée par le mauvais état de la connectivité Internet. Seulement 20 % de la population est abonnée à Internet, en Afrique subsaharienne. Ils l’utilisent avec parcimonie en général. L’utilisateur moyen consomme 300 Mo par mois, soit environ assez pour une demi-heure de vidéoconférence.
Des défis majeurs
Aborder ces contraintes n’a pas grand-chose à voir avec l’IA, le big data et une armée de codeurs. Les premières étapes de la digitalisation sont décidément peu sexy et très analogiques. Les gouvernements doivent s’attaquer aux intérêts particuliers, à la monopolisation et aux barrières réglementaires.
Ci-dessous une vidéo relatant ces faits :
L’Internet à haut débit demande une intégration transparente des différents fournisseurs. Il se déplace à travers des câbles sous-marins, des points d’atterrissage, des lignes fixes en fibre et des mâts sans fil. Si un fournisseur de cette chaîne détient trop de contrôle, il peut faire ce qu’il veut. En Afrique, jusqu’à aujourd’hui, les opérateurs historiques monopolisent le marché. Ils sont souvent étroitement liés aux gouvernements. Ces acteurs exploitent des nœuds d’infrastructure critiques pour obtenir une connexion rapide. Les marchés du mobile et du haut débit sont les plus concentrés en termes de propriété.
L’ouverture du marché
Même là où les entreprises sont en concurrence, les marchés ne sont pas nécessairement ouverts aux nouveaux entrants. Les capacités réglementaires aidant à changer cette pratique sont encore insuffisantes. Les entreprises peuvent trouver intéressant de demander des contrats d’exclusivité. Mais les investisseurs qui dépendant de l’adoption de pratiques anticoncurrentielles peuvent finir par bloquer le développement numérique. Les entreprises cherchant à construire leurs propres réseaux de fibre ont pour la plupart été incapables d’obtenir des permis.
Malgré la connexion abondante du trafic international, la qualité d’Internet est faible. Les consommateurs paient pour ce manque de concurrence. Certes, la numérisation nécessite plus que des marchés Internet ouverts. Cela demande des consommateurs avertis en digital. Il faut aussi une main-d’œuvre qui ne cesse d’innover. Enfin, des capacités entrepreneuriales pour créer de nouveaux produits et services sont aussi essentielles.