Après l’élection d’ Evariste Ndayishimiye et la nomination d’ Alain-Guillaume Bunyoni à la place de Premier Ministre, la constitution du nouveau gouvernement du Burundi a été annoncée dimanche. Le régime compte en tout, 11 hommes et 5 femmes, dont des « durs ».
L’opposition parle d’un « gouvernement des généraux ». De quoi inquiéter la société civile qui aspirait à plus de souplesse après la disparition de Pierre Nkurunziza.
Des généraux à la tête du Burundi
Le général Evariste Ndayishimiye, élu nouveau président du Burundi le 20 mai dernier, après le décès soudain de Pierre Nkurunziza survenu le 8 juin, a nommé un autre militaire : Alain-Guillaume Bunyoni à la place de Premier Ministre, le 23 juin.
Cette désignation a soulevé de vives polémiques auprès de l’opposition et suscité la crainte de la société civile. L’annonce de la constitution du gouvernement, dans la soirée de dimanche, n’arrange pas la situation.
En effet, le gouvernement de Alain-Guillaume Bunyoni compte un autre visage reconnu de la répression, à savoir : Gervais Ndirakobuca. Le Commissaire de Police Chef (CPC) qui était à la tête du Service National des Renseignements (SNR) tant redouté par la population, jusqu’au 28 juin, s’est vu assigné le titre de ministre de l’intérieur, du développement communautaire et de la sécurité publique.
Gervais Ndirakobuca, plus connu dans le pays sous le surnom Ndakugarika, qui se traduit par « je vais te mettre raide mort » dans la langue kirundi (la langue officielle du Burundi) est soupçonné d’être à la tête du système répressif du pouvoir.
Pour rappel, le premier ministre, en la personne du général Alain-Guillaume Bunyoni, ainsi que Gervais Ndirakobuca qui est donc l’actuel ministre de l’intérieur, sont, actuellement sous sanctions nord américaines et européennes (Union Européenne).
L’opposition craint, alors, une complication des relations internationales.
Les relations internationales constitueront justement les besognes du nouveau ministre des Affaires étrangères et de la coopération au développement : Albert Shingiro.
Ce dernier était la plus importante figure diplomatique du pays, en tant que représentant permanent du Burundi auprès des Nations Unies, jusqu’à la date de sa nomination au sein du gouvernement.
Un nouveau régime des durs qui ne rassure pas les Burundais
Les burundais vivaient dans l’espoir d’un nouveau départ assuré par une ère plus ouverte. La population déplorent le retour à un « régime des durs ».
Le pays est de nouveau entre les mains des « faucons ». Eux-mêmes qui ont semé la terreur à travers le pays durant le règne de Pierre Nkurunziza.
Pour rappel, la candidature du feu président Pierre Nkurunziza pour un 3 ème mandat, en avril 2015, a créé une importante crise politique. Le soulèvement de la population a occasionné des séries d’événements violents et meurtriers. Le bilan était lourd : près de 1200 morts et au moins 400 000 exilés.
La contestation de la population a poussé les hommes forts de Pierre Nkurunziza à diriger le pays par la force militaire.
La constitution du nouveau gouvernement ne rassure pas les Burundais.