Le procès pour corruption de Vital Kamerhe, le principal allié du président congolais, Félix Tshisekedi, s’est ouvert brièvement le lundi 11 mai dans la capitale du pays. Cependant, il a été ajourné le 25 mai. L’affaire a été reportée au 25 mai, car des enquêtes supplémentaires doivent être effectuées, a indiqué le président du tribunal à l’issue de cette première audition d’environ deux heures diffusée par la chaîne d’Etat RTNC.
En détention provisoire depuis le 8 avril, Vital Kamerhe a comparu avec deux autres accusés pour un présumé détournement de fonds de près de 50 millions de dollars destiné à financer des travaux publics. Durant les deux dernières décennies, aucune affaire de ce genre n’a eu lieu dans l’histoire du pays. Ceci est d’autant plus rare quand il s’agit d’un acteur politique aussi important.
La chasse à la corruption est ouverte
Les poursuites contre Vital Kamerhe s’inscrivent dans une vaste enquête anti-corruption qui vise en outre à rendre la justice congolaise beaucoup plus intransigeante face à l’impunité des élites depuis l’indépendance du pays en 1960. Le procès s’est ouvert dans l’enceinte même de la prison de Makala.
Les avocats de Vital Kamerhe ont déclaré qu’ils avaient demandé une libération provisoire. Une première a été rejetée mi-avril. Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe ont conclu un accord politique pour former leur plateforme Cap For Change, qui dirige la RDC en coalition avec les membres de l’opposition composés par les alliés de l’ancien président Joseph Kabila. D’ailleurs, au Parlement, ils sont toujours majoritaires. Cet accord révèle les intentions de Vital Kamerthe de se présenter aux élections présidentielles de 2023. Il est à noter qu’il a déjà tenté sa chance en 2011.
Plan d’action sur 100 jours
Kamerhe, qui aurait été chargé d’autoriser les dépenses publiques, est accusé d’avoir détourné des fonds destinés à financer des travaux majeurs dans le cadre d’un plan d’action d’urgence de 100 jours que Tshisekedi a lancé après sa prise de fonction en janvier 2019. Il serait accusé d’avoir détourné près de 50 millions de dollars de fonds pour la construction de 4 500 maisons destinées aux pauvres.
Il a déclaré qu’il a agit au nom du président pour veiller à ce que le travail soit réalisé. Kamerhe, qui n’a pas démissionné ou qui n’a pas été limogé depuis son inculpation, a nié ces allégations, affirmant que tous les contrats du secteur public étaient hérités des gouvernements précédents. Même si l’arrestation de Kamerhe est perçue comme un signal fort dans la lutte anti-corruption, certains restent sceptiques, considérant l’affaire comme un éventuel règlement de compte au sein de la coalition au pouvoir. Des députés du parti de Kamerhe ont dénoncé l’arrestation arbitraire et l’humiliation subis par leur chef, tandis que sur les réseaux sociaux, ses partisans disent que le procès est une tentative de le retirer de la course présidentielle de 2023. Les avocats de Kamerhe ont déclaré qu’ils avaient déposé une demande de libération provisoire, après qu’une demande antérieure avait été refusée le mois dernier.
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