C’est dans la matinée de ce dimanche 3 mai que Faure Eyadema a prêté serment. Réélu à 70, 78 % lors du scrutin présidentiel du 22 février 2020 devant le candidat Agbéyomé Kodjo qui a lui réuni officiellement 19,46 % des suffrages. Le chef de l’Etat togolais qui débute ainsi officiellement un quatrième mandat présidentiel de 5 ans. En effet, ce dernier qui a succédé à 38 ans de règne de son père en 2005 est ainsi investi malgré les vives contestations de l’opposition dans un contexte très tendu.
Investi en pleine pandémie du Coronavirus
Preuve que la vie politique togolaise ne s’arrêtera pas en dépit de la pandémie du covid-19 la cérémonie, pourtant sobre, a quand même réuni du beau monde. Tous les présidents des différentes institutions, les membres du gouvernement et les diplomates étaient présents à la cérémonie.
Elle a été marquée par trois étapes, dont la première était la prestation de serment du Président. La suite a été constituée de la remise de collier du grand maitre de l’ordre du Mono et du drapeau national à Faure Gnassingbé. Aboudou Assouma, président de la Cour constitutionnelle, a ensuite fait un discours dans lequel il s’est voulu très clair.
Toutes les personnes qui sont tentées de contredire les résultats de l’élection présidentielle du 22 février ont ainsi été mises en garde.Les frontières étant fermées, coronavirus oblige, aucun chef d’Etat n’était présent à cette investiture. Obligation a été faite à tous les invités de porter un masque et de respecter les consignes de distanciation sociale.
« Le Chef de l’Etat, Sem Faure Gnassingbé a prêté serment (…) conformément à l’article 64 de la Constitution. Un nouveau quinquennat axé sur la promotion du développement, du bien commun, de la paix et de l’unité nationale », a confié à quelques journalistes présent Yawa Tsègan, présidente de l’Assemblée nationale, qui a adressé également les félicitations de la représentation nationale au locataire du palais de la Marina.
Vives protestations de l’opposition : vers une nouvelle crise politique ?
« Il est difficile de savoir qui a réellement gagné cette élection, car il y a eu de nombreuses fraudes, Sur des éléments tangibles, il est impossible de proclamer un vainqueur et cela pose des problèmes de légitimité. » assure David Dosseh, porte-parole de l’organisation de la société civile Togo Debout.
Depuis la proclamation des résultats, l’opposition dénonce des bourrages d’urnes, des procès-verbaux présignés et des reports de résultats falsifiés. Gabriel Agbéyomé Kodjo, arrivé en deuxième position continue de contester les résultats officiels. Après le scrutin du 22 février 2020 il avait déclaré : « Nous sommes largement en tête partout ».
Ce dernier en réaction à la cérémonie d’investiture a publié un tweet ainsi libellé sur son compte « Triste journée pour les Togolais qui continuent leur chemin de croix malgré leur ferme volonté de se construire une nouvelle trajectoire de vie » et de renchérir « L’heure de l’alternance a sonné. Ensemble pour un Togo juste fraternel et humain ».
L’Alternative, Liberté et Fraternité, trois journaux proches de l’opposition, ont été suspendus fin mars par la Haute Autorité de l’audiovisuel et de la communication. Candidat malheureux de la présidentielle, Aimée Gogué prédit déjà une nouvelle crise après la prise de fonction du président élu le 22 février.
« La fixation par la Cour constitutionnelle du 3 mai 2020 comme date de prestation de serment du supposé vainqueur du simulacre d’élection du 22 février 2020, au lieu de clore le processus électoral, ouvre plutôt la porte à une nouvelle crise politique », a-t-il écrit dans une tribune.
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