Le Mali est un pays de l’Afrique de l’Ouest à économie faible où le taux d’extrême pauvreté atteignait 42,7 % en 2019 selon les experts. Pourtant l’avènement de la crise à Coronavirus qui secoue le monde en rajoute à la souffrance des populations de ce pays. Dont les fonds transférés par la diaspora pour soutenir les parents restés au pays est essentiel.
Cette rupture de la traditionnelle solidarité de la diaspora avec le pays d’origine n’est pas sans dégât.
L’arrêt d’envoi d’argent de la diaspora au pays
Le secrétaire exécutif du Haut Conseil des Maliens de l’extérieur ne cesse d’exprimer son désarroi depuis l’avènement du Covid-19.
Pour le représentant des Maliens de l’extérieur certains de ces compatriotes à cause de la fermeture des entreprises de transfert d’argent, sont bloqués en France et ne peuvent pas rentrer pour apporter de l’argent à leur famille, d’autres sont coincés au Mali et ne peuvent pas retourner en France travailler.
Cette situation rend la vie de la population malienne insupportable d’autant plus que ce pays est dépendante des transferts monétaires en provenance de la diaspora dispersée dans 77 pay . Le Mali est le neuvième pays africain bénéficiant le plus des fonds envoyés par ses expatriés et le troisième des pays francophones du continent, après le Sénégal et la République démocratique du Congo (RDC).
Selon la Banque mondiale, ces transferts monétaires auraient représenté plus d’un milliard de dollars en 2017, soit 6,7 % du PIB malien. Un calcul qui ne prend pas en compte les transferts d’argent clandestins qui porteraient ce nombre « à plus de 11 % du PIB national », affirme M. Camara. « Ce pourrait même être le double, voire le triple », abonde Dilip Ratha, économiste à la Banque mondiale et auteur d’un récent rapport qui annonce une baisse des envois de fonds des migrants sans précédent dans l’histoire.
Le Covid-19 affecte d’autres secteurs d’activité de la diaspora
La partie francophone du continent, dont les populations émigrent traditionnellement en Europe, selon toujours le rapport de la banque mondiale, sera plus durement touchée à cause d’une dépréciation de l’euro par rapport au dollar.
Le Mali, déjà sujet à des violences intercommunautaires dans le centre et à des attaques djihadistes dans le nord et l’est, sera en première ligne. Près de 30 % des transferts officiels proviennent de la diaspora malienne de France, la plus grande hors d’Afrique, comptant 120 000 personnes. Ces travailleurs sont employés dans des secteurs fortement touchés par la crise et les mesures de confinement : le bâtiment, la restauration, le transport, la vente au détail, l’entretien et la manutention.
En plus selon Dilip Ratha,le Covid-19 va causer une chute des transferts monétaires de l’ordre de 20 % dans le monde et de 23 % en Afrique, entraînant une récession aux répercussions multiples. « Les Africains auront des difficultés à subvenir à leurs besoins, à payer nourriture, éducation et soins, prévient-il. Combinée aux récentes invasions de criquets qui détruisent les récoltes, cette crise économique risque de démultiplier les famines », prévient cet expert.