C’était le samedi 2 mars 2019 à l’occasion de la cérémonie de dévoilement de la statue de Thomas Sankara et des bustes de ses 12 compagnons. Une très vive polémique et une grande indignation avait été déclenchée sur les réseaux sociaux. Nombreux ont été ceux qui n’ont pas reconnu les traits du visage du leader charismatique de la révolution d’août 83.
Et de nombreux Burkinabè n’avaient pas perçu une grande ressemblance entre le « père de la révolution » burkinabè et sa statue. Le Comité international mémorial Thomas Sankara (CIM-TS) avait alors promis des corrections pour apaiser l’opinion publique africaine. Car la réalisation et l’installation de la statue et des douze bustes avaient quand même coûté 150 millions de francs CFA.
Une seconde inauguration moins populaire et peu solennelle
A contrario de la première inauguration, le public était moins nombreux et le dévoilement moins solennel ce dimanche 17 mai 2020 devant le siège du Conseil de l’Entente. Et pour cause la première cérémonie de présentation de la statue du père de la révolution burkinabè s’était tenue en grande pompe en marge du festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco), en présence du président burkinabè Roch Marc Christian Kaboré et de l’ancien chef d’État ghanéen Jerry Rawlings. Cette circonstance avait donné un caractère véritablement international à la cérémonie et surtout une sorte d’hommage de toute l’Afrique à celui qui reste toujours très populaire au sein de la jeunesse africaine. Les organisateurs ont restreint la participation aux familles des victimes des événements du 15 octobre 1987 et à leurs proches en plus des médias. Six membres du gouvernement parmi lesquels les ministres des affaires étrangères Alpha Barry, de la sécurité Ousseni Compaoré, du commerce Harouna Kaboré, et l’ancien ministre de la sécurité Simon Compaoré étaient présents.
Les Burkinabè satisfaits de cette deuxième statue plus conforme à leur idole
C’est avec un grand soulagement que les Burkinabè ont accueilli cette deuxième statue corrigée ce 17 mai 2020, date qui marque le 37ème anniversaire de l’arrestation de celui qui était Premier ministre du commandant Jean-Baptiste Ouédraogo. Luc Damiba le secrétaire général du Comité international Mémorial – Thomas Sankara a déclaré : « Cette statue va permettre à la jeunesse africaine de se souvenir de ce grand homme dont tous les discours sont d’actualité et peuvent servir de guide pour les générations futures ».
Surnommé le « Che africain » Thomas Sankara a été assassiné lors d’un coup d’Etat en 1987. Mousbila Sankara, ambassadeur en Libye sous la révolution, comme de nombreux Burkinabè avaient rejeté la 1ère statue du capitaine Thomas Sankara, il y a un an.
Pour Jean-Luc Bambara, sculpteur de la statue : « ce qui n’a pas marché la première fois, c’est le délai. Ensuite, il y a eu les conditions climatiques. Et la cire perdue est une matière qui fond dans une ambiance un peu chaude. Alors 45 degrés, ça fond, si bien qu’au coulage quelques parties de la ceinture ont dû tourner ». Alpha Barry, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération quant à lui a affirmé que « Cela va être difficile de dire que l’on peut reproduire Thomas Sankara à 100%, mais ce qui est là représente Thomas Sankara et c’est cela l’essentiel.
Le gouvernement est fortement mobilisé derrière ce projet afin que l’on arrive à un mémorial digne de ce nom ». Le comité international pour le Mémorial assure que d’autres statues du capitaine Thomas Sankara seront réalisées au fur et à mesure sur le site qui s’étend sur 14 hectares.